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Tanganyika : Plus de 200 blessés pris en charge à l’hôpital de Manono

Depuis novembre dernier, des affrontements intercommunautaires sont en recrudescence dans la province du Tanganyika, dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC). Des milliers de personnes sont déplacées dans cette région, tandis que le nombre de blessés ne cesse d’augmenter. A Manono, où MSF soutient l’hôpital général débordé de patients, Gaudia Sironi, Responsable Terrain, […]

Depuis novembre dernier, des affrontements intercommunautaires sont en recrudescence dans la province du Tanganyika, dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC). Des milliers de personnes sont déplacées dans cette région, tandis que le nombre de blessés ne cesse d’augmenter. A Manono, où MSF soutient l’hôpital général débordé de patients, Gaudia Sironi, Responsable Terrain, témoigne.

Quelle est la situation dans la province du Tanganyika ?

On assiste depuis quelques mois à une augmentation des affrontements intercommunautaires dans toute la région. Dans la zone de santé de Manono, les combats ont repris depuis le mois de novembre, mais c’est surtout à partir de décembre que la situation s’est aggravée, avec de nombreuses admissions au service de chirurgie de l’hôpital général de référence. Les heurts ont commencé dans des zones rurales à plusieurs dizaines de kilomètres de Manono, mais se sont progressivement rapprochés jusqu’à atteindre la ville même. Les habitants des villages touchés par les combats ont fui et une grande partie s’est déplacée dans le centre-ville de Manono. Il est difficile pour nous d’évaluer les besoins des blessés et de les soigner tous, car les conditions de sécurité ne nous permettent de sortir de la ville.

Dans quelles conditions vivent les populations qui se sont réfugiées à Manono?

Plusieurs milliers de personnes habitent aujourd’hui dans des familles d’accueil, des bâtiments publics, des écoles ou des églises de la ville. A la fin décembre, nous avons compté 40 bâtiments occupés par les déplacés. Les conditions de vie des populations autochtone et déplacée sont très précaires. La promiscuité et le surpeuplement augmentent énormément les risques de maladies contagieuses, comme les maladies diarrhéiques. Le nombre de latrines disponibles est insuffisant et la saison des pluies bat son plein.

Le conflit actuel empêche aussi les gens de se déplacer librement et d’aller au champ pour cultiver ou récolter. Il y a moins de nourriture au marché et les prix ont fortement augmenté. L’insécurité alimentaire et le risque de maladies contagieuses sont donc nos plus grandes préoccupations. Nous sommes aussi inquiets pour les gens qui sont en dehors de la ville. L’impossibilité d’accéder à l’hôpital, risque de causer un nombre élevé de décès notamment chez les enfants.

Quelle est la réponse de MSF face à cette crise?

Depuis fin novembre, MSF a renforcé son appui à l’hôpital de Manono où plus de 200 blessés ont été pris en charge. La grande majorité des patients arrive avec des blessures par arme blanche comme des machettes, des flèches, des haches.Fin novembre, une formation sur la gestion d’afflux de blessés a été organisée à l’hôpital général de référence de Manono et à celui d’Ankoro. Le but était de renforcer les compétences de l’équipe de médecins et d’infirmiers du ministère de la Santé Publique et aussi de mettre en place un circuit de prise en charge, avec des zones identifiées pour accueillir et traiter les blessés selon la gravité de leur état.

En décembre, le service de chirurgie de l’hôpital était surchargé et il n’y avait pas assez de lits, de matériel ni de personnel pour pouvoir soigner tout le monde. Les blessés attendaient partout par terre. Le personnel a travaillé sans arrêt pour faire face à la situation. MSF a donc renforcé l’équipe de l’hôpital de Manono avec des médecins dont un chirurgien, des infirmiers, aides-soignantes et promoteurs de la santé, mais aussi des hygiénistes et des gardiens.

Des tentes ont également été montées, car l’espace dans le service de chirurgie n’était plus suffisant. Nous avons fourni les équipements et médicaments pour la prise en charge des blessés, des kits de pansements, du matériel de suture, des antibiotiques et des traitements contre la douleur, etc. Nous avons aussi entrepris quelques travaux de réhabilitation du bloc opératoire afin qu’il soit constamment approvisionné en eau et qu’il dispose d’un circuit de stérilisation efficace. Au plus fort de la crise en décembre, 44 personnels étaient en renfort de l’hôpital. Par ailleurs, MSF soutient 4 centres de santé de la ville dans la prise en charge pédiatrique et nutritionnelle des enfants de moins de 5 ans, avec un accent sur la prise en charge du paludisme. Et nous commençons la construction de latrines dans les sites de rassemblement de déplacés afin de garantir des standards minimum d’hygiène et d’assainissement.

Rappelons que le MSF est présente à Manono depuis fin 2015, lorsqu’une épidémie de rougeole avait été déclarée dans la zone de santé. Depuis, MSF soutient le service de pédiatrie de l’hôpital général de référence de la zone de santé de Manono. Actuellement environ 200 enfants y sont admis, dont un tiers malnutris sévères avec complications médicales et la majorité souffrant de complications du paludisme telles que l’anémie sévère. MSF appuie par ailleurs le centre de santé de Muyumba Port.

Yassa/Msf

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