A l’occasion de la quatrième journée mondiale « Zéro Discrimination », Médecins Sans Frontières, veut mettre sous le feu des projecteurs le stigma qui affecte les personnes vivant avec le VIH en République Démocratique du Congo.
Ce 1er mars, les kinois pourront découvrir sur leurs écrans 3 sketchs télévisés dans lesquels six comédiens, bien connus de tous, prêtent leur voix et s’engagent aux côtés des activistes dans la lutte contre le VIH/SIDA ! Ensemble, ils rappellent à la population congolaise que l’infection par le virus VIH n’est plus synonyme de mort, et qu’aujourd’hui les personnes vivant avec le VIH peuvent tout à fait mener une vie normale !
Trop souvent, la peur du rejet conduit les personnes séropositives à refuser le dépistage et les traitements existants. Même si elles se sentent gravement malades, les personnes n’ont pas recours aux soins.
« Tous les jours nous recevons des patients dans un état extrêmement grave », rappelle le Dr. Kick Kayembe, chef d’équipe médicale au Centre Hospitalier de Kabinda. « À cause de la stigmatisation, ils attendent trop longtemps avant de demander à se faire soigner et arrivent donc dans nos services déjà très affaiblis et cumulant les maladies graves. Ainsi malgré tous nos efforts, nous perdons 1 patients sur 4 ». Le médecin nous explique que «la crainte de la discrimination et de l’isolement social sont des obstacles mortels pour ceux qui souffrent du VIH, car elles retardent l’accès aux soins médicaux nécessaires et aggravent l’état des patients »
En 2016, au Centre Hospitalier de Kabinda, 28% des patients sont décédés au cours de leur hospitalisation. Ces décès auraient pu être évités si ces patients s’étaient présentés plus tôt dans les centres de santé et les structures hospitalières. En février 2017, une recherche menée auprès des patients hospitalisés au CHK vient confirmer que la stigmatisation, le manque d’information et le silence qui entoure le VIH/SIDA sont des obstacles qui retardent ou empêchent l’accès à la prévention et aux soins. Ils sont associés à un accès tardif à la prise en charge médicale, à des difficultés dans la prise des médicaments et le suivi médical, à des interruptions du traitement.
Ces sketchs mettent en scène des épisodes de discrimination auxquels les personnes séropositives doivent faire face au quotidien. Si le problème y est abordé avec humour, la stigmatisation a, elle, des conséquences bien réelles et dévastatrices sur la vie de ces personnes et de leurs familles : elle signifie l’abandon, l’isolement, la honte.
« Mes parents me critiquaient toujours : ‘’ regarde, le SIDA’’ » raconte Chantal, devenue aujourd’hui activiste au sein du Réseau National des Organisations à Assises Communautaires de Groupes de Support des Personnes Vivant avec le VIH (RNOAC_GS/PVVIH), une association de patients PVVIH.
Dépistée par ses parents sans son consentement, Chantal n’a pendant longtemps rien su de son infection :
« [c’est à travers la porte de ma chambre] que j’ai entendu parler mes parents, téléphoner à d’autres membres de famille : « il faut se préparer pour l’enterrement » ; « Il faut déjà se préparer pour les cotisations »». Les personnes séropositives sont rejetées au ban de notre société : « On m’avait isolée dans ma chambre, seule avec mes enfants… même les assiettes, c’était personnel. […] Je n’avais rien. Rien à manger, j’ai commencé à demander à manger à des voisins, des locataires ».
Chantal a retrouvé sa santé lorsqu’elle a enfin pu commencer les traitements antirétroviraux. Aujourd’hui, Chantal a à cœur de partager son expérience partout où elle le peut :
« Je me suis engagée tous les jours pour raconter mon histoire pour encourager les personnes séropositives a ne pas avoir peur. Avec les traitements, une vie normale est possible. Je suis séropositive et je vis une vie positive ».
Cette journée est aussi l’occasion de rappeler l’importance du partage du statut sérologique pour les personnes vivant avec le VIH auprès des membres de leur famille et de leur communauté.
Intitulée « avec le VIH/SIDA, la vie continue », cette campagne de sensibilisation a été produite par Médecins Sans Frontières, en collaboration avec le Programme National Multisectoriel de Lutte contre le Sida (PNMLS), l’ONUSIDA, le PEPFAR, ICAP, la Catholic Organisation for Relief and Development Aid (CORDAIDS), l’organisation soins de SANté primaires en milieu Rural et Urbain (SANRU), le Réseau National des Organisations à Assises Communautaires de Groupes de Support des Personnes Vivant avec le VIH (RNOAC_GS/PVVIH), l’Union Congolaise des Organisations des Personnes vivant avec le VIH (UCOP+), et le Réseau d’Associations Congolaises des Jeunes contre le Vih/Sida (RACOJ).
Soulignons que l’Ong internationale « Médecins sans Frontières » assure une prise en charge médicale et psychosociale gratuite et de qualité aux personnes vivant avec le VIH/sida dans la ville de Kinshasa depuis 2002. Notamment le centre hospitalier de Kabinda assure des activités de prise en charge des personnes vivant avec le VIH/sida comme centre de référence pour la prise en charge ambulatoire et hospitalière des patients référés par les structures de santé partenaires.