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HRW: Aucune nouvelle de l’équipe de l’ONU disparue

Le gouvernement de la République démocratique du Congo devrait coopérer pleinement avec les efforts des Nations Unies pour localiser l’équipe du Groupe d’experts de l’ONU portée disparue depuis le 12 mars 2017 dans la province du Kasaï-Central, a déclaré Human Rights Watch aujourd’hui. Les personnes disparues sont Michael Sharp, un Américain ; Zaida Catalán, une […]

Le gouvernement de la République démocratique du Congo devrait coopérer pleinement avec les efforts des Nations Unies pour localiser l’équipe du Groupe d’experts de l’ONU portée disparue depuis le 12 mars 2017 dans la province du Kasaï-Central, a déclaré Human Rights Watch aujourd’hui.

Les personnes disparues sont Michael Sharp, un Américain ; Zaida Catalán, une Suédoise ; Betu Tshintela, un interprète congolais ; Isaac Kabuayi, un chauffeur de moto ; et deux chauffeurs de moto non identifiés. Ils enquêtaient sur des violations généralisées des droits humains près du village reculé de Bunkonde, au sud de la capitale provinciale, Kananga.

« Nous sommes extrêmement inquiets pour l’équipe de l’ONU disparue », a déclaré Ida Sawyer, directrice pour l’Afrique centrale à Human Rights Watch. « Le gouvernement congolais devrait coopérer pleinement avec l’ONU et les autres enquêteurs internationaux pour faire tout leur possible afin de ramener l’équipe en toute sécurité. »

Le 13 mars, le gouvernement congolais a annoncé que Sharp et Catalán étaient « tombés entre les mains de forces négatives non identifiées », mais il n’a fourni aucune information supplémentaire.

La mission de maintien de la paix de l’ONU en RD Congo, la MONUSCO, a déployé des forces de maintien de la paix uruguayennes et des forces spéciales tanzaniennes dans le cadre d’une opération de recherche et de sauvetage des personnes disparues. Ces efforts ont souffert d’un manque de coopération de la part du gouvernement congolais.

Le 18 mars, la MONUSCO a exprimé de « fortes préoccupations face aux restrictions imposées par les forces de sécurité à sa liberté de circulation à Kananga », ce qui « limite la capacité de la Mission à mettre en œuvre son mandat. »

C’est la première fois que des experts de l’ONU sont portés disparus en RD Congo, a déclaré Human Rights Watch. C’est également la première disparition ou le premier enlèvement de travailleurs internationaux enregistré dans les provinces du Kasaï, une région qui, jusqu’à récemment, avait été en grande partie pacifique, contrairement à l’est de la RD Congo, depuis longtemps en proie aux conflits entre des dizaines de groupes armés.

Le Groupe d’experts de l’ONU sur la RD Congo, établi en 2004, comprend six experts nommés par le Secrétaire général de l’ONU et chargés de contrôler la mise en œuvre du régime des sanctions en RD Congo, et de proposer l’ajout d’individus et d’entités à la liste des sanctions. Les experts collectent et analysent des informations sur les activités des groupes armés, leurs réseaux, le trafic d’armes, et sur les auteurs de violations graves des droits humains. Leurs rapports figurent parmi les sources d’information les plus complètes et fiables sur les dynamiques des conflits dans la région africaine des Grands Lacs.

Le 12 mars, la France a appelé la MONUSCO et les autorités congolaises à « déployer tous les moyens nécessaires » pour localiser l’équipe de l’ONU disparue. L’Allemagne a ensuite lancé un appel similaire, tandis que la Belgique affirmait que la disparition de l’équipe de l’ONU constituait « une atteinte très grave aux efforts de la communauté internationale pour favoriser le retour de la paix et la stabilité en RDC. »

Depuis l’éclatement de violences à grande échelle dans la région du Kasaï en août 2016, plus de 400 personnes ont été tuées et plus de 200 000 personnes ont été déplacées de chez elles, selon l’ONU. Human Rights Watch a reçu des informations faisant état d’un grand nombre de personnes tuées au cours des dernières semaines.

La violence dans la région du Kasaï serait due à la question du contrôle coutumier sur les chefferies locales, mais il existe également des liens clairs avec la dynamique politique nationale, l’armée congolaise soutenant l’autorité de personnes considérées comme loyales au président Joseph Kabila et à sa coalition politique, et les groupes de la milice Kamuina Nsapu soutenant des personnes considérées comme plus proches de l’opposition.

Les violences ont augmenté après que les forces de sécurité ont tué Kamuina Nsapu, l’héritier apparent du trône d’une chefferie dans la région de Tshimbulu, en août. Depuis sa mort, la milice portant son nom est devenue un mouvement populaire plutôt qu’un groupe armé organisé doté de structures de commandement claires. Certains membres de la milice ont ajouté leurs revendications à la crise politique nationale, appelant le Président Kabila à quitter ses fonctions. Son deuxième et dernier mandat autorisé par la constitution a pris fin le 19 décembre.

La milice a recruté un grand nombre d’enfants, et ses membres croient en des pouvoirs magiques qui, disent-ils, les rendent invulnérables aux balles. Munis de bâtons et d’autres armes rudimentaires, des membres de la milice ont attaqué des forces de sécurité et certains bâtiments gouvernementaux dans les provinces du Kasaï, du Kasaï-Central, du Kasaï-Oriental, du Sankuru et de Lomami.

Des responsables gouvernementaux congolais ont déclaré le 21 mars que 67 policiers et plusieurs militaires de l’armée congolaise avaient été tués dans la région du Kasaï depuis l’éclatement des violences.

Des forces de sécurité ont parfois répondu à la milice avec une force excessive, tirant sans nécessité sur des membres ou des partisans présumés de la milice, notamment des femmes et des enfants.

Plus de deux douzaines de fosses communes ont été signalées dans trois provinces du Kasaï depuis janvier. Cinq vidéos sont apparues à propos de la région du Kasaï ces dernières semaines, montrant des soldats tirant sur des membres de la milice désarmés ou peu armés, notamment de nombreuses femmes et enfants.

Le Conseil des droits de l’homme de l’ONU et les pays membres de l’ONU devraient soutenir l’appel du Haut-commissaire aux droits de l’homme en faveur de la création d’une commission d’enquête ou d’une enquête internationale indépendante similaire sur la situation dans la région du Kasaï, a déclaré Human Rights Watch. Une telle mesure pourrait être adoptée lors d’une session spéciale du Conseil des droits de l’homme.

Le 22 mars, la Ministre des Droits humains de la RD Congo a déclaré dans ses remarques finales lors du Dialogue interactif sur la RD Congo au Conseil des droits de l’homme que le gouvernement congolais coopèrerait avec la MONUSCO et l’Union africaine dans leurs enquêtes sur les violences dans les provinces du Kasaï.

« La disparition de l’équipe de l’ONU reflète le tableau plus global des violences et des abus perpétrés dans la région du Kasaï », a conclu Ida Sawyer. « Le Conseil des droits de l’homme devrait mettre en place une commission d’enquête sur les abus commis dans la région dans les plus brefs délais. Des efforts concertés sont nécessaires de toute urgence pour faire face à cette situation de plus en plus désespérée. »

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