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Marché de Pompage : les vendeurs à la criée s’exposent à la mort sur les trottoirs

Implanté en plein cœur de la commune de Ngaliema, le marché de Pompage est devenu un danger public. Assiégé par plusieurs vendeurs à la criée qui occupent sans-gêne les trottoirs, ce marché provoque d’incessants embouteillages et occasionne de nombreux accidents de circulation. Reportage. Dès les premières heures de la journée, le marché de Binza-Pompage draine […]

Implanté en plein cœur de la commune de Ngaliema, le marché de Pompage est devenu un danger public. Assiégé par plusieurs vendeurs à la criée qui occupent sans-gêne les trottoirs, ce marché provoque d’incessants embouteillages et occasionne de nombreux accidents de circulation. Reportage.

Dès les premières heures de la journée, le marché de Binza-Pompage draine du monde. A 6h00 du matin déjà, des foules s’empressent autour des étalages des vendeurs, dont un nombre important envahit une partie de la chaussée sur l’avenue du Tourisme, qui longe le fleuve Congo.

Sur l’asphalte qui borde le marché, il est difficile de mettre le pied, tant les marchands qui exposent leurs produits à même le sol rivalisent d’ardeur. On y trouve des vendeurs des friperies, des vivres frais (poissons chinchards, tilapias, poulets, cuisses de poulet…), des légumes, des épices, de farine de manioc et de maïs, etc.

C’est aussi le lieu pour les marchands en provenance de Lufu (localité du Kongo central, située à la frontière d’Angola) de vendre leurs articles (brosses à dents, dentifrices, savons, détergents, couches, babouches, chaussures, riz, sucre…) très prisés par les Kinois, vu leur qualité et leur bas prix.

Vendre sur la chaussée pour être plus visibles

Les trottoirs et une partie du macadam étant noirs de monde dès le début du jour, les véhicules ont du mal à se frayer le chemin. De même, les acheteurs et les passants. «A vrai dire, nous explique un habitué du lieu, les vendeurs de ‘‘wenze ya Pompage’’ n’aiment pas vendre à l’intérieur du marché. Ils préfèrent exposer leurs produits au bord de la chaussée pour être plus visibles et écouler rapidement leurs marchandises. Têtus, ils ne veulent jamais bouger d’un iota, lorsque résonne un klaxon des véhicules. Ils ont même l’audace de tempêter sur les conducteurs qui négocient un passage sur la grand’ route, leur exigeant plutôt de rebrousser chemin».

«Moi, j’aime bien vendre ici sur le bord de la route, parce que j’ai l’opportunité d’attirer le plus de clients qui s’arrêtent souvent à la lisière du marché pour acheter des légumes à expédier à l’étranger», nous confie, toute heureuse, Mme Irène Mwadi, la trentaine révolue.

Fière d’avoir réussi à écouler tout son stock des légumes à 14 heures, elle comptait déjà ses recettes quand nous l’avons abordée. «Dans ce marché pirate, les affaires marchent mieux, avoue-t-elle. Plusieurs clients que nous recevons stationnent juste sur la chaussée, à bord de leurs véhicules, et réclament nos services. Ils ne veulent pas du tout perdre leurs temps en allant foncer au plus profond du marché».

Des étalages encore inoccupés

D’autres marchands soutiennent plutôt que ‘‘wenze ya Pompage’’ a une capacité limitée. «Il n’y a pas suffisamment d’espaces pour accueillir tous les vendeurs de ce marché. C’est pourquoi nous avons jugé utile d’envahir la chaussée», nous révèle une autre vendeuse des légumes qui a requis l’anonymat.

Vérification faite, des étalages sont encore inoccupés au fin fond du marché. Mais, les détaillants refusent de s’y engouffrer, en déboursant des fonds pour l’achat de l’espace, sans être sûrs de rentrer dans leurs frais.

Récalcitrants, les vendeurs, qui occupent la chaussée, ne veulent jamais quitter le lieu, malgré les menaces de la police. Bien qu’ils se plaignent d’être harcelés par des agents de l’ordre pour payer des taxes, ils s’agrippent sur le lieu. «Quand on les chasse le matin, ils reviennent au galop à midi. Menacés de déguerpissement dès leurs retours, traqués à 14h00, ils réoccupent leurs places initiales à 16h00. Bref, ils sont habitués à jouer au chat et à la souris avec les hommes en uniforme», nous confie une quinquagénaire qui vend des épices dans ce marché.

Chassés, ils reviennent au galop

Face à ce désordre, les accidents sont de plus en plus récurrents. De passage aux abords de ‘‘wenze ya Pompage’’ le jeudi 16 mars dernier, je suis surprise de constater un attroupement sur mon trajectoire. Un camion Ben en perte de vitesse venait de ramasser une mère qui cherchait à traverser la route, après avoir récupéré son enfant de l’école.

«Le conducteur du camion avait perdu le frein et ne savait plus où s’arrêter quand il vit surgir, devant lui, une dame, tenant en main son enfant. Elle avait du mal à avancer, vu le nombre des marchands qui bloquaient le passage sur la chaussée. La femme percutée s’est retrouvée avec une jambe fracturée. Curieusement, son enfant s’en est sorti sain et sauf. Et le véhicule a terminé sa course dans un caniveau, épargnant ainsi la vie de plusieurs autres personnes qui se trouvaient sur son trajectoire», nous raconte un témoin oculaire de l’accident.

De plus en plus conscients que l’occupation anarchique de la chaussée et des trottoirs aux abords de ‘‘wenze ya Pompage’’ exposent la vie de la population, la police a aussitôt déclenché une opération de déguerpissement énergique pendant deux jours. Les marchands ont disparu temporairement, le temps que la colère s’apaise. Mais deux jours plus tard, ils sont revenus sur leurs lieux habituels, sans la moindre gêne.

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