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Collette Braeckman: «Mobutu ne se rendait pas compte de la gravité de la situation»

Journaliste au quotidien belge « Le Soir », Collette Braeckman connaît bien le Congo (autrefois Zaïre) dont elle couvre l’actualité depuis plusieurs décennies. Elle a notamment interrogé à plusieurs reprises le président Mobutu. Le 16 mai quand ce dernier quitte Kinshasa pour Gbadolité d’où il prendra la direction du Togo puis du Maroc, Collette Braeckman […]

Journaliste au quotidien belge « Le Soir », Collette Braeckman connaît bien le Congo (autrefois Zaïre) dont elle couvre l’actualité depuis plusieurs décennies. Elle a notamment interrogé à plusieurs reprises le président Mobutu. Le 16 mai quand ce dernier quitte Kinshasa pour Gbadolité d’où il prendra la direction du Togo puis du Maroc, Collette Braeckman est à Brazzaville où elle était allée suivre les négociations sur l’Outenika. Elle va traverser le fleuve Congo à bord d’un bateau à moteur pour venir vivre les derniers moments du régime Mobutu renversé dès le lendemain par la rébellion de l’AFDL.

La journaliste belge affirme que dans les derniers moments de son régime quand la rébellion de l’AFDL avançait vers Kinshasa, le président Mobutu « ne se rendait pas compte de la gravité de la situation ».

Selon Collette Braeckman, le Maréchal Mobutu a refusé à un moment de quitter le pays. Il y a finalement été forcé. Le 16 mai, le président Mobutu quitte Kinshasa alors que les forces rebelles sont aux portes de la ville.

« A un moment donné, il ne voulait pas partir. Il était malade. Je crois qu’on l’a embarqué dans son avion avec sa voiture. Direction : Gdadolité. Il était vraiment temps de partir. L’avion est parti en dernière minute, en catastrophe. Il s’est posé à Gbadolité. A Gbadolité, il y avait des troupes qui étaient mutinées parce qu’elles n’étaient pas payées. L’avion n’a pas pu rester longtemps à Gbadolité et il est parti au Togo », relate la journaliste.

Pour éviter que les affrontements entre les rebelles de l’AFDL de Laurent Désiré Kabila et l’armée zaïroise dans une capitale de plusieurs millions de personnes, le général Mahele, chef d’Etat-major de l’armée, va négocier secrètement avec la rébellion.

« Ce que Mobutu ne savait pas ce que le général Mahele avait secrètement négocié avec l’AFDL probablement sous l’égide des Américains pour éviter qu’on se batte à Kinshasa et pour éviter que la guerre n’entre dans la ville. Ce qui aurait fait beaucoup de victimes civiles. Le général Mahele a plaidé pour une entrée pacifique parce que de toute façon la situation était irréversible », renseigne Colette Braeckman.

« Il y avait un mélange de peur et de soulagement parce que l’affrontement n’avait pas eu lieu. Mais aussi de crainte et d’incertitude par rapport à l’avenir », se souvient Colette Braeckman.

Mahele traitre ?

Le général Mahele a été assassiné dans la nuit du vendredi au samedi 17 mai 1997. Une partie de l’entourage de Mobutu l’accusait d’avoir trahi le président Mobutu en négociant avec les rebelles. «Pour épargner la population civile, [le général Mahele] prit contact avec l’AFLD et se rendit [vendredi] tard le soirée dans le camp Tshatshi, où les derniers fidèles de Mobutu s’étaient retranchés.

Parmi eux, se trouvait Kongolo, le fils cadet de Mobutu, dont la cruauté légendaire lui avait valu le surnom de « Saddam Hussein ». Mahele essaya de les convaincre de renoncer au pillage mais, à leurs yeux, cet officier s’était rendu coupable de haute trahison. Dans la nuit du vendredi au samedi, il fut assassiné », écrit David Van Reybrouck dans son ouvrage « Congo, une histoire ».

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