La semaine qui avait suivi le Forum de Matadi sur l’énergie, les agents de la Société Nationale de l’Electricité (SNEL) étaient devant l’Hôtel de ville de Kinshasa pour dénoncer les recommandations du Forum de Matadi sur l’énergie. Ces recommandations du Forum avaient déjà reçu un non catégorique de la majorité des participants aux discussions. Les agents de la SNEL avait à cet effet, déposé un mémorandum à l’autorité urbaine dans lequel ils sollicitent l’implication personnelle du Chef de l’État, Félix Tshisekedi, afin de barrer la route à cette initiative qu’ils considéraient de très suicidaire.
Les travailleurs estiment que ’’confier la gestion de la SNEL entre les mains des privés, conduirait plusieurs agents et cadres de l’entreprise à caractère commercial au chômage’’. Après l’hôtel de ville, ils se sont dirigés directement à l’Assemblée nationale, au Sénat, au ministère de l’Energie et à la présidence de la République pour faire entendre leur cri de détresse contre les recommandations des organisateurs dudit Forum.
Parmi les recommandations formulées à l’issue du premier forum sur l’énergie électrique en RDC organisé à Matadi du 20 au 22 Août 2019, figure notamment la mise en œuvre des mesures d’application de la loi sur la libéralisation du secteur de 2014, l’adoption d’une planification de l’électrification province par province, encore inexistante et une réforme de la SNEL, la Société nationale d’électricité.Sur la réforme de la SNEL, les avis avaient divergé. Les organisateurs dont les membres du cabinet du chef de l’Etat, avaient proposé que la restructuration de la SNEL se fasse en opérant une « segmentation et une organisation de ses trois filières en entités indépendantes ».
Autre recommandation, c’était celle de « confier la gestion du réseau public de transport de l’électricité à un opérateur neutre » qui, selon le groupe des organisateurs, ne soit ni producteur, ni distributeur, de manière à « assurer l’égalité de traitement entre producteurs, importateurs et exportateurs d’électricité ».
Dans le même auditoire, ces recommandations n’ont pas été perçues de la même manière, à telle enseigne que d’autres participants les ont boudées et rejetées.D’après Fabrice Puela, député national élu de Matadi, la question de la restructuration de la SNEL devrait être prise en charge dans le cadre de la réforme des entreprises publiques. Ce qui, d’après lui, ne pouvait être effective qu’avec le concours du législateur.
« La réforme des entreprises publiques, c’est tout un processus. On ne peut pas, en trois jours, décider de la réforme de la SNEL. Cette société de l’Etat est régie par une loi. Je salue la tenue de cette activité, en dépit de quelques couacs organisationnels constatés. Sur le fond, on ne peut faire tomber du ciel les recommandations. Elles n’ont pas été adoptées par l’ensemble de participants. Ça ne se passe pas comme ça. Avant d’aborder une telle question, il est important de mener des études préalables », avait-t-il indiqué.
Du côté de Michel EBOMA conseiller du Président Tshisekedi, la perception de cette réaction est relativisée. Il a estimé lors du Forum qu’il y aurait peut-être eu un mal entendu dans le chef des réactionnaires. Pour plusieurs observateurs, il fallait d’abord un consensus au niveau des participants pour que le Conseiller du Président de la République parle des recommandations malheureusement cela n’a jamais été le cas.
Les participants qui ont boudé les orientations des organisateurs à Matadi en souhaitant une sérieuse réflexion autour de certaines questions liées à la Société nationale d’électricité s’étonnent aujourd’hui que le Conseiller Eboma dépose sur la table du chef de l’Etat un rapport que lui seul qualifie des recommandations du Forum sur l’énergie. Un rapport qu’on veut faire endosser aux participants du Forum de Matadi alors que le forum pour certains n’a jamais été à la hauteur des attentes des besoins réels de la population.
Le Président Tshisekedi serait il piégé par ses collaborateurs pour des fins inavouées? Que de questionnement du côté des participants de ce Forum.