En République Démocratique du Congo (RDC), après l’entérinement samedi 16 octobre dernier, des nouveaux membres du bureau de la Commission électorale nationale indépendante (CENI), par l’Assemblée nationale, plusieurs organisations de la société civile, notamment les mouvements citoyens, les Églises Catholiques et Protestantes, menacent de manifester au cas où le président congolais Félix Tshisekedi, arrivait à signer l’ordonnance confirmant les nouveaux dirigeants de la CENI, affirment plusieurs sources.
Du côté des observateurs, l’on craint également l’implosion de l’Union sacrée, où l’on qualifie du forcing ce qui s’est passé week-end dernier à la chambre Basse du Parlement. C’est dans ce ton que le parti de Moïse Katumbi, Ensemble pour la République et groupes parlementaires alliés ont commenté la question des nouveaux animateurs de la CENI. Dénonçant dans une déclaration le manque du consensus. Dans leur déclaration, le camp de l’ancien gouverneur du Katanga a également ébranlé la question du RAM (Registre des Appareils Mobiles). Une redevance non tracée par la Direction générale des Impôts, initiée par le Ministre Kibassa Maliba, en charge des Postes, télécommunications, nouvelles technologies de l’information et de communication (PTNTIC).
Cette dernière serait gérée par la présidence de la République, à en croire des propos attribués par plusieurs médias, au premier Vice-président de l’Assemblée nationale, Jean-Marc Kabund. Ensemble et ses alliés qualifient d’escroquerie d’Etat cette taxe. D’où des menaces dissensions.
Le même week-end, la coalition Lamuka est descendue dans les rues de Kinshasa, pour s’opposer à la politisation de la CENI. Dans une manifestation qui a réuni plusieurs millions de populations de Kinshasa, Martin Fayulu et Adolphe Muzito ont dit leur désapprobation aux animateurs actuels de la CENI. À la même occasion, les deux leaders ont appelé au retrait pure et simple de la taxe RAM, laquelle selon eux, est une paupérisation de la population.
Le même son de cloche retenti du côté du Front commun pour le Congo (FCC) et à l’Union pour la nation congolaise (UNC), où personne ne semble accepter la manière de faire du pouvoir en place. Après le rejet de sa motion de défiance contre le ministre de PTNTIC, par le bureau Mboso, la famille politique de l’ancien président congolais Joseph Kabila, a annoncé préparer une motion de censure contre le gouvernement Sama Lukonde, qui, selon ce regroupement, vole le peuple à travers le RAM.
Au sujet de la CENI, le FCC a appelé le président Tshisekedi de se mettre devant sa conscience, de ne pas signer l’ordonnance établissant Denis Kadima à la tête de cette institution, comme il l’avait fait l’autre fois avec Ronsard Malonda. À cette époque, rappelle-t-on, le chef de l’Etat avait justifié son refus d’établir Malonda, par le manque de consensus, mais aussi, l’absence des signatures du président et vice-président de la composante des confessions religieuses.
Le risque d’un processus électoral tendu à l’horizon 2023 s’installe
Des observateurs craignent un processus électoral tendu, avant 2023, l’année électorale. » Si le président Tshisekedi persiste de confirmer cette nouvelle CENI, la RDC risque de se replonger dans un processus électoral tendu à l’horizon 2023″, a affirmé Trésor Kibangula sur les antennes de nos confrères de radio France (RFI).
L’ancien correspondant de Jeune Afrique en RDC a encore indiqué : » le président de la République a laissé entendre qu’il fallait des preuves d’impartialité de Denis Kadima.(Ndlr: Est-ce que les confessions religieuses ont transmis au président ces preuves ? On ne sait pas encore). Mais tout porte à croire que la majorité ait décidé de passer en force, parce que le processus prend du retard et ils ont décidé d’avancer malgré les contestations. Le risque que court le président Tshisekedi, c’est d’arriver comme ça à mettre tout le monde d’accord contre lui. Bientôt les deux principales confessions religieuses, la CENCO, l’Église catholique et les protestants, il y a le camp de son nouvel allié Moïse Katumbi et alliés qui pourraient aussi appelé à des manifestations, parce qu’ils sont en train de réévaluer leur participation à l’Union sacrée. Il y a aussi l’opposant Martin Fayulu qui est là, bien entendu le camp Kabila, donc tout ce monde pourrai commencer à mobiliser peut-être pas coordonnée, mais à mobiliser la rue contre le pouvoir Tshisekedi. Donc les jours ou les semaines à venir seront très tendus dans le pays », a-t-il expliqué.
Par ailleurs, l’UDPS, parti au pouvoir qui se félicite de la désignation de Denis Kadima à la tête de la CENI, ne croit pas à des fortes mobilisations à ce sujet. Car, apprend t-on, le parti présidentiel qui minimise toutes ces menaces, affirme avoir été la première force mobilisatrice de masse, lors des dernières manifestations de 2018 contre le pouvoir de Joseph Kabila.