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RDC: Affaire François Beya, Tshisekedi étudie la suite à y donner, après la tentative présumée de coup d’Etat

Dans l’entre temps, l’ex Monsieur conseiller de sécurité du président congolais continue à être gardé dans les locaux de l’Agence nationale de renseignements (ANR). Plusieurs sources sécuritaires, ont affirmé à Jeune Afrique que tout un appartement lui a été réservé. Et, seul un carré de proches a encore accès à lui, notamment son épouse, sa […]

Dans l’entre temps, l’ex Monsieur conseiller de sécurité du président congolais continue à être gardé dans les locaux de l’Agence nationale de renseignements (ANR). Plusieurs sources sécuritaires, ont affirmé à Jeune Afrique que tout un appartement lui a été réservé. Et, seul un carré de proches a encore accès à lui, notamment son épouse, sa fille, son frère aîné Constantin Tshiyombo, actuel  président du conseil d’administration du Fonds pour la promotion de l’industrie (FPI), ainsi que son médecin.

Celui que nombreux ont surnommé Fantomas avait-il senti le vent tourner ? Seul lui  répondra un jour à cette question. Sinon, à en croire l’entourage du Président Tshisekedi, les jours précédents, l’ex-conseiller spécial du chef de l’Etat n’était quasiment plus joignable. « Il n’était plus accessible et a prétexté qu’il était malade », explique un membre de l’entourage présidentiel au magazine francophone.

En outre, Beya n’avait pas été associé à la nomination de Jean-Hervé Mbelu Biosha à la tête de l’ANR en décembre 2021. Il  avait même été dépossédé de certaines de ses prérogatives au profit du nouveau patron de l’ANR, alors que ce « transfert de compétences » avait été fait sur la base d’une ordonnance signée par Félix Tshisekedi et restée confidentielle. Un document préparé par l’ANR donc, mais aussi par la Direction générale de migration (DGM) dirigée par Roland Kashwantale, affirment les mêmes sources.

Interpellé le ler février dernier, soit deux semaines après,  le sort réservé à François Beya semble toujours incertain. Selon des informations recoupées, deux options sont actuellement sur la table. La première option discutée c’est son maintien en détention dans les locaux de l’ANR, le temps que les investigations se poursuivent. La deuxième, c’est de le placer en résidence surveillée. Selon des sources, cette dernière fait débat en raison du souvenir encore vif du décès – non élucidé à ce jour – de Delphin Kahimbi. L’ancien chef des renseignements militaires avait été retrouvé mort en février 2020 alors qu’il se trouvait en résidence surveillée pour répondre à des auditions pilotées par François Beya.

Le premier cercle de Tshisekedi pris de court

L’arrestation de Beya semble avoir pris de court le premier cercle de Félix Tshisekedi. Ce dernier a pris cette décision alors qu’il se trouvait au sommet de l’Union africaine (UA), qui s’est tenu à Addis-Abeba les 5 et 6 février. En vacances en Europe, la première dame, Denise Nyakeru Tshisekedi, a personnellement cherché à s’enquérir de la situation auprès de certains conseillers de son époux, révèle Jeune Afrique. Au-delà du cercle du Pro5, c’est le président Denis Sassou Nguesso (DSN) qui a lui aussi tenté de se renseigner sur le sort de Beya, qui a des entrées à Brazzaville. Son homologue de l’autre côté du rive du fleuve Congo suit le  dossier de près, notamment par l’intermédiaire de son neveu, Rodrigue Nguesso, qui fait régulièrement le lien entre la Cité de l’Union africaine à Kinshasa et le palais du Peuple de Brazzaville, font savoir les sources.

De poursuivre, « Tshisekedi a répondu à son homologue qu’il l’informerait des détails lors d’un sommet quadripartite organisé le 12 février à Oyo. A ce sommet, le « cas Beya » a bien été abordé. Une rencontre à laquelle l’Ougandais Yoweri Museveni et le Togolais Faure Essozimna Gnassingbé ont également pris part.

Par ailleurs, si le porte-parole de Félix Tshisekedi, Kasongo Mwema Yamba Yamba, évoque une « affaire relevant de la sûreté de l’État » et affirme « que les enquêteurs disposent d’indices sérieux attestant d’agissements contre la sécurité nationale », les raisons précises qui ont motivé cette arrestation demeurent incertaines et de nombreuses zones d’ombre subsistent.

Plus d’une dizaine d’arrestations ont eu lieu dans ce dossier, dont celles de hauts gradés de la Garde républicaine et d’autres unités des Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC) mais aussi celles de civils, congolais et étrangers. Selon des sources contactées par Jeune Afrique, certains des assistants de Beya, dont Guy Vanda, ont été auditionnés après la perquisition menée dans ses bureaux situés au Sultani Hôtel.

Quelques membres du premier cercle du chef de l’Etat congolais avancent également que le conseiller spécial aurait failli dans sa mission. Ces derniers l’accusent en effet d’avoir fait de la rétention d’informations et d’être responsable de failles dans la sécurité du président. Lors d’un déplacement au Kasaï, en décembre 2021, son convoi s’est ainsi perdu en brousse, scindant en deux son cortège sécuritaire et ne laissant que cinquante militaires pour sa protection.

Par ricochet, les proches de Beya eux, parlent d’un autre scénario : celui d’une guerre des clans autour du chef de l’État, dont le patron du Conseil national de sécurité (CNS) ferait aujourd’hui les frais. En conflit avec plusieurs proches de Tshisekedi, l’ancien conseiller spécial se serait montré de plus en plus critique à leur égard, allant jusqu’à remettre en cause leurs compétences. Une source proche de ce dernier évoque même l’existence d’un enregistrement compromettant qui aurait circulé et dans lequel il s’en prendrait ouvertement à certains d’entre eux.

À suivre.

Giscard Havril

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