Plus que tous les siècles précédents, le vingt-et-unième siècle a vu la problématique des femmes, dans leur pluralité et dans leur singularité, s’inviter au cœur des débats de tous genres et dans quasiment tous les coins de la planète. La question phare de cette problématique est sans doute celle de l’autonomie des femmes.
Cette question, à son tour, en soulève une autre : le rapport de forces entre hommes et femmes autonomes. En RDC comme ailleurs, ces rapports ne sont pas toujours très équilibrés. Il semble, à ce sujet, que les hommes congolais soient généralement intimidés par les femmes autonomes. Comment cette situation peut-elle s’expliquer ? Nous en soulevons ici 5 raisons majeures.
Le syndrome de superman
Nous sommes dans une société où les hommes ont été éduqués à être les chefs de leur foyer, forts, protecteurs, pourvoyeurs,…bref, les héros. Ainsi, naturellement, ils affectionnent le fait de se sentir indispensables , ils aiment ressentir que la femme a besoin d’eux. C’est ce que nous appelons « le syndrome de superman », c’est-à-dire le besoin d’être un homme dont dépend quasi totalement une femme.
Ceci dit, une femme autonome est généralement celle qui se suffit, qui répond elle-même à ses besoins. Elle s’affirme comme une femme forte qui n’a pas besoin d’un héros, d’un protecteur, d’un pourvoyeur, car elle est sa propre » Wonder woman ».
Ainsi, face à de telles femmes, certains hommes, forts de ce qui est dit plus haut, ont tendance à se sentir non indispensables. Comme superman qui perd ses pouvoirs, ces hommes sont donc souvent intimidés par les femmes autonomes.
La peur du syndrome de « l’homme nourri »
Comme nous l’avons dit supra, les hommes congolais, en général, sont éduqués pour être chefs et pourvoyeurs de leur foyer ; chose qui n’est pas mauvaise en soi. Seulement, dans notre culture, cette perception de l’homme pourvoyeur a pour corollaire la nécessité pour lui d’avoir une meilleure situation professionnelle, patrimoniale et financière que la femme. Un homme dont cette situation est moins reluisante que celle de sa femme subit généralement le regard sarcastique de la société (parfois même de sa propre belle-famille). Des surnoms comme « Mario » (désignant un homme logé par une femme qui a une meilleure situation patrimoniale et financière) suffisent à expliquer ce que nous appelons ici « syndrome de l’homme nourri ».
Craignant donc de passer pour des « hommes nourris » (ayant donc échoué dans leur rôle de pourvoyeur principal) et par dignité masculine, plusieurs hommes ne sont pas encore prêts à vivre avec des femmes autonomes dont la situation professionnelle, patrimoniale et financière peut être meilleure que la leur.
Le mythe de la femme autonome forcément entretenue par un homme
« Une telle femme ne peut pas être célibataire ». Plusieurs hommes congolais, consciemment ou inconsciemment, sont conditionnés par l’idée selon laquelle une femme bien entretenue l’est forcément par son homme. Une telle femme ne peut donc pas être célibataire. Elle est forcément en couple. Bien plus encore, mieux elle est entretenue, meilleure est sa situation professionnelle, patrimoniale et financière, plus l’on s’imagine que derrière elle se cache un mari, un fiancé, un copain riche.
Parfois, ces préjugés vont encore plus loin dans la caricature : une femme tant autonome, si elle n’est pas officiellement en couple, doit sûrement être le « deuxième bureau » (la maîtresse) d’un homme riche qui l’entretient.
Ainsi, plusieurs hommes ont peur d’aborder de telles femmes, craignant de se buter à un « non » catégorique ou de marcher sur les plates-bandes d’un plus riche que soi.
Le mythe de femme hautaine et irrespectueuse
Un autre mythe, probablement nourri par quelques faits non généralisables, est celui de la femme qui, lorsqu’elle est autonome financièrement, devient hautaine et irrespectueuse envers l’homme.
Dans la société congolaise cette idée reçue est répandue : plus une femme devient autonome, surtout sur le plan financier, et plus sa situation professionnelle s’améliore, moins elle respecte les hommes (notamment le sien).
Certes, l’on ne peut nier que quelques faits avérés aient nourri ce mythe, mais cette idée reçue n’en est pas moins un mythe…un mythe de plus qui explique que certains hommes soient intimidés par les femmes autonomes.
Le mythe de l’abandon des tâches ménagères
Nombreux sont les hommes qui pensent, à tort ou à raison, que généralement les femmes qui se disent « fortes » ou autonomes
ne sont pas forcément très enclines à s’adonner aux tâches ménagères.
Or, en Afrique en général et en RDC en particulier, la capacité, la promptitude à exécuter des tâches ménagères est un des critères déterminants dans le choix d’une femme pour un homme. Par conséquent, plusieurs hommes, nourris de cette image des femmes dites autonomes, rechignent à aller vers elles, craignant ainsi de ne pas pouvoir trouver en la femme l’équilibre entre cette « autonomie » et son inclinaison pour les tâches ménagères.
soulignons que le but de cette analyse n’est ni de faire un procès des hommes tout en béatifiant les femmes dites autonomes mais simplement de soulever quelques raisons qui expliquent un fait social, dans l’espoir que chacun s’en fasse une idée personnelle et en tire ses propres conclusions.
Analyse faite avec la contribution de Chrismi Mulonda