Auditionné dans les locaux de l’Agence nationale des renseignements (ANR) le mercredi 13 avril dernier, Didier Budi, ministre national des Hydrocarbures et proche de Denise Nyakeru a été libéré et rentré chez lui le jeudi 14 avril, dans la soirée, après y à voir passé une nuit et une journée.
À en croire une source qui s’est confiée à nos confrères de Jeune Afrique, le patron des Hydrocarbures n’a jamais été interpellé pour une affaire de détournement des fonds publics. Loin s’en faut, souligne la même source.
« On lui reproche notamment des voyages dans la sous-région pour rencontrer un opérateur soupçonné de financer les groupes armés à l’Est de la République démocratique du Congo. On lui reproche en outre, d’avoir mal géré la réserve stratégique de pétrole alors que, ces dernières jours, les files d’attente étaient longues aux abords stations-services à cause d’un problème de ravitaillement », apprend-on.
Du côté des proches du ministre, l’on fait croire que Budimbu a été interpellé par vengeance de Dan Gertler. « Le ministre n’a jamais été entendu pour une affaire de détournement. Mais plutôt pour une matière sécuritaire. Pour nous, c’est une vengeance de Dan Gertler », affirme un proche de Budimbu à Jeune Afrique.
Celui-ci reconnaît quand bien même que depuis son arrivée à la tête de ce ministère, il a su faire bouger les lignes dans ce secteur, où il a réussi à retirer l’homme d’affaire israélien qui a, dernièrement signé un contrat avec le gouvernement congolais. Ce dernier a même récupéré des actifs évalués à 3 milliards de barils de pétrole.
Cependant, dans l’entourage du ministre, l’on se dit être surpris de la tournure des événements. « Que Didier Budimbu n’avait pas répondu à une convocation mais s’était rendu à une simple invitation de l’administrateur général de l’ANR, Jean-Hervé Mbelu Biosha, qui l’avait officiellement convié à une séance de travail ». En outre, Budimbu s’est rendu dans les locaux de l’ANR alors que le Premier ministre était absent de la capitale. Ce dernier était de retour d’une tournée dans les provinces du Nord-Kivu et de l’Ituri, et n’a atterri que tard dans la soirée de la journée de mercredi, explique-t-on.
« Que l’ANR auditionne ainsi un ministre en fonction, cela veut simplement dire qu’elle reprend ses méthodes de l’ère Kabila, pourtant décriées. Elle se croit toute-puissante alors que ses prérogatives sont théoriquement limitées », a commenté un autre membre du gouvernement Lukonde sous couvert de l’anonymat.
À en croire ce média, une source proche du président congolais a affirmé que « le chef de l’Etat congolais est intervenu personnellement pour demander à l’ANR de libérer Didier ».
Giscard Havril