Les experts des Nations unies mandatés par le Conseil de sécurité ont présenté leur rapport sur la situation en République démocratique du Congo (RDC).
Ce rapport met en lumière le niveau de violences auquel le pays est confronté, en particulier dans les provinces de l’Est. Une des révélations de ce rapport concerne le rôle de l’Ouganda voisin dans le conflit entre les forces loyalistes de la RDC et le groupe armé M23, soutenu par le Rwanda.
Depuis deux ans déjà, chaque rapport des experts des Nations unies mettait en lumière de manière irréfutable le soutien croissant du Rwanda à la rébellion du M23 qui sévit actuellement dans la province du Nord-Kivu. Cette fois-ci, un autre acteur régional est mis en cause : l’Ouganda. Le groupe d’experts expose comment les autorités ougandaises ont permis aux troupes du M23 et de l’armée rwandaise de transiter par l’Ouganda sans aucune entrave. Une présence significative et visible qui, selon les experts, n’a pas pu échapper à la vigilance des services de renseignement ougandais. Le rapport conclut donc à un soutien actif de certains officiers de l’armée et du CMI, les services de renseignement militaires.
Cependant, les spécialistes vont au-delà car il ne s’agit pas seulement de transit sur le territoire ougandais : des membres du mouvement armé se sont également rendus en Ouganda. D’après le rapport, Sultani Makenga, le chef militaire du M23, a été repéré à plusieurs reprises cette année à Entebbe et Kampala. Quant à Corneille Nangaa, le chef de la branche politique, il a résidé un certain temps dans la capitale ougandaise. Il y a même tenu des réunions avec des représentants de certains groupes armés congolais.
En ce qui concerne le rôle déjà bien connu du Rwanda, les spécialistes détaillent cette fois-ci l’augmentation de l’aide militaire. Il est mentionné dans le document qu’en janvier 2024, au moins 1 000 soldats rwandais (RDF) ont franchi la frontière à Kibumba, dans le territoire de Rutshuru. Ces effectifs se sont ajoutés à ceux déjà présents dans cette région appelée le « petit Nord ». Les spécialistes estiment qu’il y avait entre 3 000 et 4 000 RDF déployés dans les territoires de Rutshuru, Masisi et Nyiragongo, au moment où ils finalisaient leur rapport. Cela représente un nombre plus important que les 3 000 combattants estimés du M23. Ces militaires disposent d’un équipement de pointe et de véhicules blindés équipés de radars et de missiles sol-air.
Les experts soulignent également que cette montée en puissance n’a pas du tout été entravée par les nombreuses condamnations internationales. En effet, entre février et mars 2024, plusieurs organisations étatiques et gouvernements occidentaux, dont les États-Unis, la France et l’Union européenne, ont demandé au M23 de retirer ses troupes de la RDC. En avril, le Conseil de sécurité des Nations unies avait également condamné « le soutien militaire étranger au M23 ».
Ce document des spécialistes des Nations Unies représente la première publication depuis l’annonce de la fondation de l’Alliance du fleuve Congo par Corneille Naanga, l’ancien président de la Commission électorale congolaise sous Joseph Kabila. Les experts exposent en détail le processus de formation de ce groupe politico-militaire, mettant en lumière les nombreux déplacements effectués dans la région des Grands Lacs par les divers dirigeants.