Pour comprendre cette situation, nous nous sommes entretenus avec Me Paul Okito, un avocat et expert en droit international spécialisé dans les questions de conflits et de sanctions.
Selon Me Okito, plusieurs facteurs expliquent ce retard dans l’imposition de sanctions. « Les relations diplomatiques entre les puissances occidentales et le Rwanda sont complexes. Le Rwanda, sous la direction de Paul Kagame, a été perçu comme un allié stratégique dans la région des Grands Lacs, notamment en matière de sécurité et de lutte contre le terrorisme. Certains pays, notamment les États-Unis et certains membres de l’UE, hésitent à sanctionner un partenaire qui a contribué à des initiatives de paix régionales, » explique Me Okito.
Poursuivant, il parle de ce qu’il qualifie d’economie et Iintertes Stratégiques. Pour lui, « Le Rwanda a développé une économie florissante avec des liens commerciaux étroits avec plusieurs nations. Des sanctions économiques pourraient non seulement affecter le Rwanda mais aussi les entreprises étrangères investies dans le pays. Il y a donc une réticence à prendre des mesures qui pourraient perturber ces dynamiques économiques, » indique-t-il.
La question des preuves et de la responsabilité : « Bien que les rapports de l’ONU soient détaillés, la mise en place de sanctions nécessite souvent des preuves irréfutables et une claire attribution de responsabilité. Le Rwanda a toujours nié son implication et a su utiliser des canaux diplomatiques pour semer le doute sur ces accusations. La diplomatie internationale fonctionne souvent sur le consensus, et sans un accord clair, les sanctions sont difficiles à imposer, » précise Me Okito.
Bien que les rapports de l’ONU aient mis en lumière des actions qui pourraient justifier des sanctions, la complexité des relations internationales, des intérêts économiques, et l’approche diplomatique privilégiée par certains pays ont jusqu’à présent retardé l’imposition de telles mesures contre le Rwanda. La communauté internationale continue de naviguer entre la nécessité de stabiliser la région des Grands Lacs et la pression pour rendre justice aux populations affectées par ces conflits.