Ce chiffre, révélé par les Nations Unies ce vendredi 21 février 2025, illustre l’ampleur de la crise humanitaire qui secoue la région des Grands Lacs. Fuyant les combats entre les rebelles du M23 et les forces gouvernementales, ces milliers de femmes, d’enfants et d’hommes traversent la frontière dans un état d’épuisement et de désespoir, cherchant refuge dans un pays déjà marqué par ses propres défis.
L’avancée fulgurante du M23 soutenu par le Rwanda, a semé la panique dans les provinces du Nord et du Sud-Kivu. Les grandes villes comme Goma et Bukavu, récemment tombées sous le contrôle des rebelles, ont vu leurs habitants fuir en masse, abandonnant maisons et moyens de subsistance. Pour beaucoup, le Burundi, voisin direct, est devenu une destination de dernier recours. Les témoignages recueillis aux postes-frontières, notamment à Gatumba, décrivent des scènes de chaos : des familles séparées, des tirs indiscriminés et des traversées périlleuses de la rivière Ruzizi, où certains ont perdu la vie.
Les autorités burundaises, en collaboration avec le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR), tentent de répondre à cet afflux sans précédent. Des centres de transit, comme ceux de Gihanga dans la province de Bubanza, ont été ouverts en urgence, mais les conditions y restent précaires. Les réfugiés, entassés dans des abris de fortune ou des écoles réquisitionnées, manquent cruellement de nourriture, d’eau potable et de soins médicaux.
Une femme d’une soixantaine d’années, arrivée à pied depuis Bukavu, confie : « Nous dormons à même le sol, sans couvertures. Les plus faibles tombent malades, et nous n’avons rien à manger. »
Avant cette vague récente, le Burundi accueillait déjà environ 90 000 réfugiés, principalement congolais, héritage des conflits passés dans cette région riche en minerais mais rongée par l’instabilité. L’arrivée de 42 000 personnes supplémentaires en si peu de temps met à rude épreuve les maigres ressources du pays.
Le HCR, qui avait anticipé 58 000 arrivées sur trois mois, se retrouve dépassé par la rapidité de cette crise. « Les besoins sont immenses, et les fonds manquent », alerte un représentant de l’agence onusienne, appelant à une mobilisation internationale urgente.
Pendant ce temps, la situation en RDC continue de se dégrader. Les Nations Unies craignent que les violences, exacerbées par les rivalités régionales et les luttes pour le contrôle des ressources, ne plongent davantage de civils dans l’errance. Pour les 42 000 Congolais désormais au Burundi, l’avenir reste incertain. Entre l’espoir d’un retour dans leurs foyers et la réalité d’un conflit sans fin, ils incarnent les victimes silencieuses d’une guerre qui menace de déstabiliser toute la région.