L’ancien président Joseph Kabila a secoué la scène politique congolaise en annonçant son retour en République démocratique du Congo, non pas par Kinshasa, mais par Goma, dans l’Est du pays, une région actuellement sous contrôle partiel du M23. Se sentir en sécurité dans une zone occupée par l’armée rwandaise et ses supplétifs de l’AFC/M23, est un choix diversement interprété à ce jour.
Du côté du pouvoir, si la présidence ou le gouvernement n’ont pas encore officiellement réagi à l’annonce, c’est l’ébullition dans les états-majors : le dernier voile est levé et aucun doute n’est plus permis. Le Président Félix Tshisekedi avait raison de pointer son prédécesseur du doigt comme parrain dans l’ombre de l’AFC qui s’est allié au M23 de Paul Kagame.
Le geste, n’a cependant pas la même perception à l’opposition. Le directeur de cabinet de Moïse Katumbi, Olivier Kamitatu, a salué ce retour comme une initiative nationale forte. Selon lui, « la résolution de la crise congolaise ne saurait reposer uniquement sur des interventions extérieures » et le retour de Kabila rappelle que l’avenir du pays se joue d’abord à l’intérieur de ses frontières.
Kamitatu saisit la balle au bond pour dénoncer les atteintes aux libertés fondamentales orchestrées par le régime Tshisekedi : refus de passeports, harcèlement politique, justice à double vitesse. Il y voit une tentative d’exclure arbitrairement des figures majeures de la scène politique nationale, à commencer par Katumbi lui-même.
Pour le camp Katumbi, la présence de Joseph Kabila dans l’Est ne représente pas un retour nostalgique au pouvoir, mais un signal d’alarme : l’unité nationale est en péril et les règles du jeu démocratique sont à revoir. Une recomposition politique semble amorcée, loin des centres traditionnels du pouvoir.