Joseph Kabila, ancien président de la République démocratique du Congo, s’est discrètement rendu à Goma le 18 avril 2025, selon plusieurs sources proches de l’AFC/M23 et de son entourage. Il aurait transité par Kigali avant de rejoindre la capitale du Nord-Kivu via le poste-frontière de la « grande barrière ». Aucune déclaration n’a été faite par l’intéressé, et aucun communiqué officiel n’a encore confirmé cette visite, effectuée loin des caméras et dans une ville toujours sous tension.
L’annonce de sa présence dans une région sous contrôle partiel de la rébellion du M23, avec laquelle il est régulièrement accusé d’entretenir des liens, a provoqué un mélange d’attentes et d’inquiétudes à Goma. Tandis que certains espèrent un geste de médiation, d’autres redoutent une légitimation tacite de l’occupation actuelle. Le président en exercice, Félix Tshisekedi, a à plusieurs reprises accusé son prédécesseur d’être le véritable instigateur de cette rébellion soutenue par Kigali.
Les proches de Kabila présentent sa visite comme une initiative de paix, affirmant qu’il souhaite « écouter les populations et contribuer au retour à la stabilité ». Mais cette rhétorique pacifiste entre en contradiction flagrante avec ses prises de position récentes. En janvier dernier, dans une tribune publiée dans un quotidien sud-africain, Joseph Kabila s’était exprimé dans des termes très favorables au M23, dénonçant la « stigmatisation injuste » de ce groupe armé et se positionnant presque en porte-parole de ses revendications. Une posture qui, pour de nombreux observateurs, l’inscrit non pas en médiateur neutre, mais en acteur aligné avec une force belligérante.
Cette ambiguïté entretient le flou autour des véritables intentions de Kabila. Est-il revenu pour ouvrir un canal de dialogue ou pour affirmer une forme de légitimité dans une zone que l’État congolais peine à contrôler ? Son entourage annonce la diffusion prochaine d’un message à la nation, dans lequel il devrait commenter la situation sécuritaire et institutionnelle du pays. Il y dénoncera, selon ses proches, des « coups d’État institutionnels et constitutionnels » attribués à Félix Tshisekedi depuis 2020.
Dans ce climat déjà électrique, les autorités congolaises ont intensifié la pression sur son camp. Cette semaine, des perquisitions ont visé une de ses résidences à Kinshasa, provoquant une réaction virulente de son épouse Marie Olive Lembe, qui dénonce un « acte de spoliation politique ». Ce retour en RDC, alors que Kabila résidait entre l’Afrique du Sud et le Zimbabwe, pourrait bien marquer une nouvelle phase dans les rapports de force internes, dans un contexte où les frontières entre opposition politique et soutien actif à une rébellion deviennent de plus en plus troubles.