La paix en République démocratique du Congo ne peut plus être un simple levier géopolitique pour des puissances en quête de ressources stratégiques. La Déclaration de principes signée à Washington entre Kinshasa et Kigali ouvre une nouvelle phase, mais aussi une nouvelle bataille : celle de l’appropriation congolaise de son destin face aux appétits du monde.
Le 25 avril 2025, sous l’égide de Washington, la République démocratique du Congo et le Rwanda ont signé une « Déclaration de principes » sous l’égide du secrétaire d’État Marco Rubio. Objectif affiché : ouvrir une ère de paix durable dans l’Est de la RDC. Mais derrière la solennité de la cérémonie, un autre enjeu se dessine : le contrôle stratégique des ressources africaines.
Depuis trente ans, l’Est du Congo s’enfonce dans une violence endémique. Mines pillées, populations déplacées, souveraineté bafouée. Cette fois, Washington veut croire à une sortie de crise. Mais les mots ne suffiront pas. L’administration Trump 2.0 mise sur une équation simple : paix + gouvernance = investissements américains massifs. Et, en filigrane, l’espoir de desserrer l’étreinte de la Chine sur les minerais critiques du Congo.
Le discours de Marco Rubio a donné le ton : priorité à la stabilité régionale pour sécuriser des chaînes d’approvisionnement « responsables » en cobalt, lithium et terres rares. Il a souligné que la paix est un préalable indispensable à tout développement économique. L’Est du Congo, longtemps laissé aux marges des grandes stratégies globales, devient un pion majeur dans la nouvelle guerre économique mondiale.
Cette Déclaration de Washington s’inscrit dans un effort coordonné avec les processus régionaux : le processus de Nairobi sous l’EAC, les initiatives de la SADC, et la médiation du Qatar à Doha. Tous convergent sur un principe clé : « il n’y aura pas de raccourcis. La paix doit être méritée », patiemment, en abordant sérieusement les enjeux de sécurité, de justice et de gouvernance.
Les discours des dirigeants congolais et rwandais quant à eux ont rappelé une vérité simple mais essentielle : la paix ne se décrète pas, elle se construit, à la sueur de choix courageux et d’une véritable responsabilisation.
Pour la RDC, l’enjeu est clair : sauvegarder sa souveraineté, qui n’est pas négociable, faire respecter l’intangibilité ses frontières telles que consacrées par la Charte de l’Union Africaine, et transformer cette dynamique diplomatique en levier de développement inclusif.
La Déclaration de Washington ouvre une brèche d’espoir. Mais l’histoire du Congo enseigne la prudence : trop souvent, les accords solennels ont accouché de nouvelles désillusions.
Cette fois, le Congo a le droit d’exiger plus. Et de veiller à ce que la lumière projetée depuis Washington ne se transforme pas, demain, en nouveau mirage africain.