À la veille d’une échéance diplomatique cruciale pour la République Démocratique du Congo, une coalition de 41 personnalités de la société civile, conduite par le prix Nobel de la paix Denis Mukwege, a adressé le 29 avril une lettre ouverte au président Félix Tshisekedi. Ce document, au ton ferme mais respectueux des institutions, survient alors que Kinshasa et Kigali doivent soumettre ce 2 mai leurs propositions respectives pour une sortie de crise dans l’Est du Congo, conformément à une exigence du secrétaire d’État américain Marco Rubio.
La lettre met en garde le président Tshisekedi sur les lignes rouges à ne pas franchir dans le cadre de ces négociations. Elle insiste notamment sur les principes constitutionnels qui encadrent la souveraineté nationale, la gestion des ressources naturelles et la ratification des accords internationaux. Pour les signataires, tout engagement qui priverait la Nation de ses moyens d’existence ou compromettrait l’intégrité territoriale relèverait de la haute trahison. Le message est clair : les pourparlers ne doivent en aucun cas servir de couverture à des arrangements contraires aux intérêts fondamentaux du peuple congolais.
Alors que la communauté internationale, et notamment les États-Unis, manifeste un intérêt croissant pour la stabilisation de la région en raison des enjeux liés aux minerais stratégiques, les auteurs de la lettre craignent que la pression diplomatique ne pousse Kinshasa à accepter des compromis déséquilibrés. Ils s’interrogent sur la transparence du processus en cours et déplorent l’absence d’une large concertation nationale préalable.
Dans cette optique, la lettre formule quatre recommandations principales à l’attention du président Tshisekedi : protéger les ressources minières, intégrer la justice transitionnelle dans le processus de paix, organiser des consultations nationales avec les forces vives, et défendre exclusivement les intérêts du peuple congolais lors des discussions internationales. Elle appelle ainsi à une posture de fermeté, ancrée dans le droit national et international, face aux velléités régionales et aux intérêts géostratégiques des grandes puissances.
En se référant aux propos du pape François lors de sa visite en RDC en 2023 sur le « colonialisme économique », les signataires rappellent que l’histoire récente du pays impose vigilance et responsabilité. Alors que le sommet du 2 mai pourrait tracer les contours d’une nouvelle architecture régionale, cette interpellation publique entend fixer des balises politiques et morales au mandat du chef de l’État.