Réunis dans la capitale ougandaise à l’occasion de la troisième Conférence Interparlementaire Africaine sur les défis mondiaux émergents, les présidents et membres des assemblées parlementaires du continent ont débattu des réponses africaines à apporter à un monde de plus en plus instable. Parmi les voix qui ont retenu l’attention : celle de Vital Kamerhe, président de l’Assemblée nationale de la République Démocratique du Congo.
Dans un discours mêlant lucidité politique et appel à la souveraineté collective, Vital Kamerhe a interpellé les leaders africains sur leur dépendance aux médiations extérieures, notamment occidentales, dans la résolution de conflits intra-africains.
« Nous sommes en pleine négociation, en plein processus de rétablissement de nos relations diplomatiques, de coopération et de cohabitation pacifique. Malheureusement, les Africains attendent toujours que ce soient les Occidentaux qui viennent nous mettre ensemble. Voilà encore une autre forme d’extraversion dangereuse », a-t-il déclaré devant l’assemblée interparlementaire.
Ce message a trouvé un écho particulier dans le contexte tendu mais évolutif des relations entre la RDC et l’Ouganda. Les deux pays, autrefois en froid sur des questions sécuritaires et économiques, amorcent un rapprochement diplomatique et stratégique. Kamerhe, loin de fuir ce sujet, l’a abordé avec franchise :
« Je suis le premier défenseur de l’exploitation commune du pétrole du lac Albert entre la RDC et l’Ouganda. Ce n’est qu’ainsi que nous pouvons transformer nos ressources en leviers de paix, plutôt qu’en moteurs de conflits. »
Le forum de Kampala, soutenu par des groupes influents prônant des valeurs conservatrices sur la famille et la souveraineté culturelle, a également suscité des débats plus sensibles sur les droits humains. Toutefois, les interventions comme celle de Kamerhe ont recentré la discussion sur l’autonomie politique africaine et la nécessité d’une intégration plus volontaire.
Au fil des sessions, il est apparu que l’un des défis majeurs pour l’Afrique ne réside pas seulement dans les menaces extérieures ; conflits, climat, migrations ; mais dans la capacité de ses institutions à forger des solutions autochtones, à l’image de ce que propose Kamerhe : une diplomatie basée sur la collaboration, non sur la médiation importée.
« Tant que nous n’assumerons pas notre propre leadership, notre propre voix, nos conférences resteront des vitrines sans profondeur », a-t-il conclu.
À Kampala, ce message n’a pas seulement été applaudi : il a ouvert un débat fondamental sur l’africanisation des politiques publiques et la réinvention du panafricanisme parlementaire à l’ère des défis mondiaux.