L’ancien président congolais Joseph Kabila est arrivé dimanche soir à Goma, chef-lieu du Nord-Kivu, une ville actuellement sous contrôle partiel du mouvement rebelle M23. Ce déplacement intervient dans un climat de fortes tensions politiques et sécuritaires, alors que Kinshasa l’accuse de collusion avec les forces rebelles, accusation qu’il rejette avec vigueur. La présence de l’ancien chef de l’État dans cette zone sensible suscite des réactions contrastées au sein de la classe politique et de la population locale.
Dans une déclaration préalable à son voyage, Joseph Kabila avait dénoncé les mesures prises par le gouvernement en réaction aux rumeurs de son arrivée, qualifiant ces décisions de « punition infligée aux populations de l’Est ». Il faisait notamment référence à la fermeture de certains axes routiers, la suspension d’activités économiques et les restrictions sur les transferts d’argent dans la région. L’ancien président affirme vouloir « constater par lui-même » la situation dans l’Est, ravagé par des conflits armés depuis plus d’une décennie.
La venue de Kabila survient également dans un contexte de tension judiciaire : le Sénat congolais a récemment levé son immunité parlementaire, l’exposant à de potentielles poursuites. Kinshasa le soupçonne de soutien logistique et politique au M23, mouvement rebelle accusé de crimes de guerre et de collaboration avec le Rwanda. Les proches de l’ancien président dénoncent une manœuvre politique visant à écarter définitivement celui qui fut à la tête du pays de 2001 à 2019.
Sur place, la population de Goma est partagée entre prudence et espoir. Certains voient en ce retour un acte de défi face à l’autorité de Kinshasa, d’autres y perçoivent une volonté de médiation ou un calcul politique. Les autorités centrales n’ont pour l’instant pas réagi officiellement à cette arrivée, mais plusieurs analystes estiment que ce geste pourrait redéfinir les équilibres politiques dans la région, alors que les tensions entre Kinshasa et Kigali persistent et que la situation sécuritaire reste extrêmement fragile.

