Dans une sortie tonitruante ce lundi depuis le Palais de justice de Kinshasa, le ministre de la justice et harde des sceaux, Constant Mutamba, a livré une adresse aux agents de son ministère à la hauteur des accusations dont il fait objet. Accusé d’avoir détourné 39 millions de dollars dans le cadre d’un projet de construction d’une prison à Kisangani, le jeune ministre rejette en bloc les accusations, affirmant au contraire avoir mis à jour un vaste réseau mafieux qui saigne à blanc les caisses de l’État, notamment l’argent destiné au FRIVAO.
« J’avais senti l’odeur du détournement, maintenant j’ai vu le détournement. C’est ce qui les dérange », a-t-il lancé devant une foule attentive, accusant ouvertement certains cercles du pouvoir, y compris au sein de son propre ministère, d’avoir bâti un système occulte de prédation des ressources publiques. « Je l’ai dit au Président de la République et à la Première ministre », affirme-t-il, se présentant en lanceur d’alerte victime d’un retour de flamme.
Mais l’affaire ne s’arrête pas là. Mutamba accuse également ses adversaires d’être derrière une tentative de déstabilisation politique : « C’est un dossier tribalo-ethnique », martèle-t-il, insinuant que les poursuites seraient motivées non par la justice, mais par des calculs politiques et identitaires.
Le ministre ne cache pas sa colère envers l’appareil judiciaire, en particulier le procureur général près la Cour de cassation, qui a requis une autorisation de l’Assemblée nationale pour l’auditionner. « Dites au procureur général qu’il ne me verra jamais devant lui pour me défendre. Il a commis une faute disciplinaire grave. » Et d’ajouter avec défi : « Je n’ai pas peur de la prison, je suis prêt. Ils doivent arrêter le peuple avant de m’arrêter. »
Dans un climat de tension politique croissante, Mutamba jure fidélité au président Félix Tshisekedi, réaffirmant qu’il ne démissionnera pas, malgré la pression : « Constant Mutamba ne va pas démissionner. »