Le 13 juin 2025 marque trois années d’occupation de la cité stratégique de Bunagana, dans le territoire de Rutshuru, Nord-Kivu, par les rebelles du M23 soutenus par le Rwanda. À cette occasion, le Dr Denis Mukwege, prix Nobel de la paix, a tiré une nouvelle fois la sonnette d’alarme sur la gravité de la situation, appelant à une réponse ferme face à cette occupation qu’il qualifie de violation flagrante de la souveraineté nationale.
Dans un message fort, Denis Mukwege dénonce l’inaction prolongée de la communauté internationale et l’impunité dont jouissent les responsables des violations graves des droits humains dans la région. Il accuse les autorités rwandaises de soutenir l’occupation dans une logique expansionniste et prédatrice, notamment pour accéder aux minerais stratégiques, en contradiction totale avec la Charte des Nations Unies.
Le médecin congolais déplore les souffrances infligées aux populations locales depuis trois ans, contraintes à l’exil ou à vivre sous le contrôle de forces illégales. Il alerte sur l’installation d’administrations parallèles dans les territoires occupés, traduisant, selon lui, une volonté claire d’annexion de certaines zones de l’Est de la RDC.
Denis Mukwege pointe également les responsabilités internes, critiquant l’absence de réformes structurelles dans le secteur de la sécurité, l’inefficacité des réponses gouvernementales, et une diplomatie régionale qu’il juge erratique. Pour lui, l’externalisation de la défense à des acteurs extérieurs et non étatiques renforce l’instabilité et augmente le risque d’embrasement régional.
Malgré l’adoption de la résolution 2773 du Conseil de sécurité de l’ONU en février 2025, les efforts diplomatiques n’ont pas abouti à un cessez-le-feu. Mukwege appelle à tirer les leçons des échecs du passé et insiste : seule une paix fondée sur la justice et les réparations peut briser le cycle de la violence et de l’impunité dans la région des Grands Lacs.