Un rapport du groupe d’experts de l’ONU, soulève de sérieux doutes sur la cohésion interne de l’Alliance Fleuve Congo (AFC/M23). Malgré une progression rapide sur le terrain, ce mouvement rebelle fait face à des discordes de plus en plus marquées, alimentées par des nominations clivantes et le retentissement de l’annonce du retour de l’ancien président Joseph Kabila à Goma.
Selon le rapport, la décision de Kigali de proposer, en dépit de ses sanctions internationales, la nomination de Laurent Nkunda à un poste stratégique au sein de l’AFC/M23 cristallise l’opposition entre factions rwandaises et ougandaises historiques. Ce choix, interprété comme un moyen de renforcer l’influence rwandaise, a ravivé de vieilles rancœurs et fragilisé l’autorité du commandement général.
« Des tensions internes sont apparues au sein de l’AFC/M23, exacerbées par des nominations internes contestées et le retour controversé de Joseph Kabila, qui ravive les divisions entre factions rwandaises et ougandaises », note le rapport onusien.
L’AFC/M23 a néanmoins poursuivi son expansion territoriale, séduisant plusieurs petits groupes armés et anciens Wazalendo qui ont rapidement changé d’allégeance.
L’expert onusien rappelle aussi que Moïse Katumbi, John Numbi et Joseph Kabila, sans pour autant adhérer officiellement ont entretenu des contacts réguliers avec les principaux acteurs rebelles et leurs parrains régionaux (Kigali et Kampala), témoignant d’un soutien tacite.
Cette montée en puissance s’est traduite par un effondrement du front congolais l’incapacité des Forces armées de la RDC (FARDC) à maintenir la sécurité dans plusieurs chefs-lieux, combinée à des défections massives, révèle une faiblesse structurelle et une crédibilité militaire écornée.
« Les défections et pertes massives ont mis en lumière l’incapacité des FARDC à sécuriser les capitales provinciales, sapant la confiance des populations », souligne le rapport.
Par ailleurs, les experts onusiens relèvent que corneille Nangaa, jadis présenté comme « visage politique » chargé de légitimer la rébellion en interne, a été progressivement écarté. Selon le rapport, son ambition personnelle de renverser le pouvoir à Kinshasa a fini par déplaire à Kigali. « Si le Rwanda et le M23 souscrivaient à l’idée d’un changement de régime, ils n’étaient pas favorables à une campagne militaire visant Kinshasa », note le rapport.
Si l’AFC/M23 peut se targuer d’un succès tactique, son solidité politique reste en question. Les luttes d’influence entre Kigali et Kampala, conjuguées aux ambitions personnelles des rivaux internes, menacent de démonter l’édifice rebelle par l’intérieur. Sans un accord clair sur la gouvernance future de l’Est congolais, l’Alliance risque de se désagréger, compromettant toute perspective de stabilité et de paix durable qu’elle prétend incarner.