Pour ses partisans, Ngefa incarne une nouvelle manière d’exercer le pouvoir, avec courage et intégrité. Son parcours d’ancien défenseur des droits humains, d’expert des Nations Unies et de militant associatif confère à son action une légitimité particulière. Humble et respectueux, mais ferme lorsqu’il s’agit d’appliquer la loi, il veut imposer une rupture claire avec les pratiques qui gangrènent le système judiciaire depuis des décennies. Ses ambitions dépassent la suspension provisoire d’actes : elles englobent la lutte contre la corruption et l’impunité, la réforme du parquet financier, la réorganisation de la carte judiciaire, l’adaptation du code pénal, l’amélioration des conditions carcérales et la numérisation des services.
Cependant, la contestation révèle un malaise réel. Plusieurs agents dénoncent le non-paiement de primes et estiment que leurs revendications légitimes sont étouffées par une réforme perçue comme brutale. Le ministre reconnaît ces difficultés sociales, mais insiste sur la différence entre revendications sincères et manœuvres orchestrées par ceux qui veulent maintenir un système d’irrégularités. Dans l’opinion publique, les avis se partagent : certains applaudissent une audace jugée salutaire, d’autres craignent que la méthode ne provoque plus de désordre qu’elle n’apporte de solutions.
À travers ce bras de fer, un enjeu se dessine : celui de redonner à la Justice congolaise sa dignité et de restaurer la confiance entre l’institution et les citoyens. L’histoire a souvent montré que les réformes profondes en République démocratique du Congo rencontrent des résistances farouches. Mais pour Ngefa, l’heure est venue de mettre fin aux compromis qui affaiblissent l’État. Son pari est risqué, mais il pourrait marquer un tournant : rendre justice à la Justice et replacer la République sous l’autorité du droit.