Contrairement aux interprétations timorées de certains acteurs diplomatiques, il affirme que ce texte va bien au-delà des simples condamnations politiques. Il constate juridiquement une agression armée contre la République démocratique du Congo.
Selon lui, la résolution dresse un tableau factuel précis des évènements survenus entre janvier et février 2025; la prise de plusieurs localités du Nord-Kivu et du Sud-Kivu notamment Masisi, Saké, Goma, Nyabibwe et Bukavu par le mouvement M23, avec « l’appui et la participation directes » de la Force de défense rwandaise. Ces formulations, explique-t-il, s’inscrivent dans la définition même de l’agression telle qu’établie par la Résolution 3314 de l’Assemblée générale des Nations unies en 1974, qui considère comme acte d’agression toute invasion ou attaque menée par les forces d’un État sur le territoire d’un autre.
Prince Lukeka rappelle que dans le droit international, l’agression ne se déclare pas, elle se constate. Ainsi, même si la Résolution 2773 ne cite pas nommément le Rwanda, la précision des faits et la nature des actes décrits suffisent à qualifier juridiquement une agression inter-étatique. « Quand le droit parle, le silence se trahit », insiste-t-il, dénonçant la frilosité diplomatique qui consiste à éviter d’appeler les choses par leur nom. Pour lui, le Conseil de sécurité a bel et bien reconnu la réalité d’une agression, sans en prononcer le mot, préférant laisser la force du droit s’exprimer à travers la clarté des faits.
Le juriste invite les autorités congolaises à s’appuyer sur cette base juridique solide pour exiger des réparations et mobiliser la communauté internationale autour d’une vérité désormais inscrite dans les documents onusiens. Car, selon lui, le refus de nommer l’agresseur n’enlève rien à l’évidence : « L’histoire retiendra que la RDC a subi une agression documentée, reconnue et condamnée. »
En signant cette tribune, Prince Lukeka ne se contente pas d’une lecture technique du droit international ; il appelle à un sursaut de lucidité politique. La Résolution 2773, affirme-t-il, doit être comprise non comme une simple note diplomatique, mais comme une décision de droit international public consacrant la responsabilité d’un État étranger dans les violences subies par la RDC. Et de conclure, dans une phrase qui résonne comme un verdict : « Ce n’est pas le mot qui fait le crime, c’est l’acte. Le droit, lui, a déjà parlé. »

