Ce drame n’est pas un fait isolé. Il s’ajoute à une série noire qui a déjà coûté la vie à plusieurs journalistes en moins d’un an dans la province, des assassinats survenus dans des circonstances troubles, rarement élucidées, toujours inquiétantes. À chaque fois, les mêmes scènes se répètent : consternation, indignation, hommages… puis un silence des institutions, un silence qui fait mal et qui laisse les professionnels des médias exposés, seuls face à la violence.
Dans le Nord-Kivu, exercer le métier de journaliste relève désormais de l’audace — parfois même de la survie. Ceux qui informent le public naviguent entre menaces directes de groupes armés, intimidations de différents acteurs locaux et pressions de toutes parts. La peur n’est plus un accident : elle est devenue une compagne quotidienne, un risque permanent qui s’attache à chaque reportage, à chaque déplacement, à chaque prise de parole.
Et pourtant, malgré tout, ils continuent. Ils continuent parce que raconter la vérité reste leur seule arme et leur plus grande responsabilité. Ils continuent parce que les communautés ont besoin d’être entendues, parce que les violations doivent être documentées, parce que les faits méritent d’être connus. Ils continuent, même lorsque la route devient un champ de menaces.
La mort de Rachid Kazadi rappelle une fois de plus que l’information, au Nord-Kivu, se gagne au prix du courage — trop souvent au prix du sang.

