Dans une salle silencieuse du Collège des Hautes études de stratégie et de défense (CHESD), les images ont défilé. Douloureuses. Brutes. Authentiques. Elles racontent une tragédie : celle des atrocités commises entre janvier et mars 2025 à Goma et Bukavu, dans l’Est de la République démocratique du Congo, sous l’agression persistante de l’armée rwandaise et de ses supplétifs de l’AFC/M23. Le Mécanisme national de suivi de l’Accord-cadre d’Addis-Abeba (MNS) y a projeté un documentaire-choc, miroir d’une souffrance collective et appel vibrant à la mobilisation nationale.
« Ce documentaire ne donne qu’un aspect de l’indicible, de l’indescriptible, d’une barbarie sans limite », a résumé le professeur Ntumba Luaba, coordonnateur du MNS. Mais derrière l’horreur des images, un autre message se dessine : celui de la mémoire collective comme socle de l’unité, de l’art comme outil de résilience et d’engagement, de la culture comme levier de construction nationale.
Yolande Elebe, ministre de la Culture et du Patrimoine, a rappelé que son ministère, « gardien du souvenir et du devenir », assume la responsabilité de transformer la douleur en force, en conscience collective. « Nous ne projetons pas seulement un film. Nous rendons hommage. Et, surtout, nous éveillons les consciences », a-t-elle martelé. Pour elle, chaque image, chaque témoignage, chaque silence capturé à l’écran, contribue à forger une identité collective fondée sur la résistance, la dignité et l’espérance.
De la douleur à la conscience collective
Dans un pays meurtri par des décennies de violences cycliques, la projection de ce documentaire est bien plus qu’un acte symbolique. C’est un appel à la mémoire active, un refus de l’indifférence. Car au-delà des victimes, ce sont des communautés entières, des artistes, des femmes, des enfants, qui ont été ciblés dans leur humanité. C’est la culture congolaise elle-même, dans ce qu’elle a de plus vibrant et de plus vivant, qui a été attaquée.
L’art, dans ce contexte, devient arme de résistance et outil de mobilisation nationale. Il permet de donner un visage aux souffrances, une voix aux silences, une âme à la lutte pour la justice. Mais surtout, il appelle chaque Congolais, de Kinshasa à Kisangani, de Matadi à Lubumbashi, à s’approprier cette mémoire. Non pas pour s’enfermer dans le passé, mais pour s’unir autour d’un récit commun : celui d’un peuple debout face à l’adversité.
Un tournant vers une mémoire nationale active
Ce documentaire marque une étape. Il s’annonce dans les écoles, dans les quartiers, sur les places publiques. La connaissance partagée, par l’émotion collective et par le récit commun, pourra construire une nation consciente d’elle-même, forte de sa mémoire et résolue à protéger son avenir.
La ministre Elebe l’a bien dit : « L’art et le documentaire sont des outils puissants de sensibilisation. Ils nous aident à comprendre notre histoire, à partager nos buts, à forger notre identité collective ». Il appartient désormais à chaque citoyen, à chaque institution, de répondre à l’appel.