À Kinshasa, capitale de la République démocratique du Congo (RDC), les habitudes ont changé dans les morgues et cimetières, depuis que la maladie à coronavirus (Covid-19), avec son chapelet des mesures gestes barrières. Au cimetière de Tshuenge, quartier Siforco dans la commune de Masina, Maman Anny Lokombo, en a donné les détails à votre média.

Autre fois, lieu de vives émotions, consternation, chagrin, où l’on exprimait sa compassion à la famille ou la personne éplorée, les morgues et cimetières sont aussi devenus des lieux où nombreux font du lucre. Un monde à deux blocs, où vous avez d’un côté les familles éprouvées, et de l’autre, des marchands, des hommes et femmes qui s’adonnent aux activités lucratives, par la vente de plusieurs choses. Une cohabitation à géométrie variable, mieux, une cohabitation diamétralement opposée. Si les familles touchées par la disparition de leurs proches sont plongées dans la douleur, les businessmen ou businesswomen eux, se frottent les mains, de l’argent de leur business dans ces mêmes lieux.

Location des chaises à la morgue et au cimetière

« Je loue chaque jour 20 chaises à 200 CDF (Francs congolais) la chaise. Une fois à la morgue ou au cimetière, je fais louer la même chaise plastique à 300 CDF à ceux qui viennent pour l’enterrement de leurs proches disparus », affirme Anny Lokombo, la cinquantaine révolue.

Et d’expliquer, « il arrive de fois qu’il n’y ait pas assez du monde au cimetière ou à la morgue. Dans ce cas, c’est nous qui sommes perdant. Car il n’y aura personne pour s’asseoir sur les chaises. Mais pour parer au manque à gagner, nous avons une autre activité à côté de celle de location des chaises. C’est pourquoi vous constatez que j’ai aussi une table où je vends le vin de palme. Cependant, pour mes clients de vin de palme, s’asseoir c’est gratuit ».

Madame Anny Lokombo dit organiser son foyer et les études de ses enfants par cette activité. Elle a affirmé y tirer des dividendes depuis quelques temps, ici au cimetière de Tshuenge.

À l’instar de cette dame, nombreux sont ces kinois qui exercent ces petits commerces devant différentes morgues et cimetières de la ville capitale. Une pratique qui, selon Cornelly Mantuani, conducteur dans une institution de la place déshonore le respect dû au mort. Cela, malgré que la situation sociale des congolais est actuellement difficile, reconnaît-il.

De son côté, Jeancy Kimbamba Ilunga, estime aussi que ce sont les réalités sociales actuelles qui poussent les gens dans ce genre d’initiatives d’auto prise en charge.

Giscard Havril