Autant de voies de sortie de crise utilisées, mais la République Démocratique du Congo s’enfonce de plus en plus dans l’impasse. La tension qui est quasiment retombée grâce à la signature de l’accord du 31 décembre 2016, remonte de plus en plus, à cause de l’inflexibilité des négociateurs dans les discussions, de la mésentente au sein du Rassemblement qui compromet l’application de cet accord obtenu au prix des veillées des négociations, ou encore à cause des tiraillements autour du lieu d’inhumation d’Etienne Tshisekedi. L’attention des congolais est alertée une fois de plus, par cette série des bras de fer qui remonte la tension dans l’opinion.

André Kimbuta mord le fer

Le lieu d’enterrement du Lider Maximo, Etienne Tshisekedi est l’un des points d’achoppement d’opinions en RDC. D’un côté, le gouvernement provincial et par ricochet, le gouvernement national de la RDC considèrent sans le dire tout haut Etienne Tshisekedi comme un Monsieur ordinaire. Il faut le ranger aux côtés d’autres citoyens ordinaires dans un cimetière, de la Gombe soit-il. De l’autre côté, les combattants par contre voient dans un cercueil, leur Héros qui a consacré la majeure partie de sa vie à la lutte pour l’instauration de la démocratie dans leur pays. Il faut reconnaitre cette lutte à travers un traitement spécial de sa dépouille : «mausolée ou rien», exigent-ils. Le point émis par chaque camp, sur base de sa vue de la situation à partir de là où il se trouve, assignent la dépouille d’Etienne Tshisekedi à Bruxelles, depuis plus de 40 jours après son décès.

L’héritier biologique et politique d’Etienne Tshisekedi, Félix Tshisekedi a tenté de séparer les deux camps en acceptant la proposition du pouvoir, celle d’enterrer son père dans le carré spécial de 500m² au cimetière de la Gombe. Les combattants qui ont souvent chanté pour lui l’ont déchanté. Félix Tshisekedi a pour une première fois, senti la peine d’être combattu par les combattants. Son rétropédalage ne s’est fait pas attendre : « nous allons faire la volonté de la base ». Son oncle Monseigneur Mulumba qui a conduit la famille dans les négociations est vite allé dans le même sens : « la famille politique refuse catégoriquement le lieu proposé par les autorités provinciales. Les travaux entamés sur le site du cimetière de la Gombe doivent être arrêtés ». A cet instant précis, le Gouverneur André Kimbuta qui réussissait un pari peut être le plus grand de sa carrière politique jusqu’ici, mort du fer. Mais que faire ! Il annule son arrêté.

Le feu à la porte de la case

Le début des travaux de construction d’un mausolée à la permanence de l’UDPS annoncé par la famille politique d’Etienne Tshisekedi, sans attendre l’autorisation du pouvoir en place montre que le feu est à la porte de la case congolaise. Tout le monde retient son souffle. Personne n’ose imaginer un scénario dans lequel les forces de l’ordre se rendraient à Limete pour empêcher le début, la poursuite et la finition de ces travaux. Le monde risquerait ce jour là d’assister à « l’intifada trois » mais pas en Cisjordanie ou à Jérusalem en Israël cette fois là, mais plutôt à Kinshasa, en RDC. Comment agira alors le gouvernement ? C’est toute la question. L’autorité directement concernée par ce bras de fer André Kimbuta aura sans doute du mal à fondre le fer.

De la patience aux menaces

L’accord global et inclusif du centre interdiocésain piétine. Pour le pouvoir, le blocage c’est le Rassemblement. Pour le Rassemblement, le blocage c’est le pouvoir. C’est devenu une routine, ce jeu de Ping-pong verbal auquel l’opinion assiste. Cependant, la frustration est là. Le Rassemblement convaincu que Joseph Kabila et ses compagnons jouent le chrono pour faire échec au principal objectif de cet accord, l’organisation des élections en décembre 2017 pour un retour à l’ordre constitutionnel, menace de quitter les négociations et appeler la population à la désobéissance civile, si la Majorité Présidentielle persistait dans l’exigence d’une liste des candidats premiers ministres, en lieu et place du nom du premier ministre du Rassemblement tel que le stipule l’accord.

« Le Rassemblement appelle tous les congolais à ne point perdre espoir, à redoubler de vigilance et à se tenir prêt à répondre à ses mots d’ordres pour le triomphe des idéaux démocratiques auxquels le Président Etienne Tshisekedi Wa Mulumba a consacré toute sa vie », déclarait cette plateforme, le 09 mars, à l’issue de sa première réunion depuis l’élection de ses nouveaux dirigeants.

Ignoré dans les négociations de la cité de l’Union africaine, le Rassemblement était déjà dans la rue le 19, 20, 21 octobre 2016. L’histoire tout le monde s’en souvient. La paralysie de la ville de Kinshasa et d’autres à l’intérieur, le 19 novembre 2016 par le ‘’carton jaune’’ du Rassemblement de l’opposition, permet aux uns et aux autres de se faire une idée de ce à quoi pourrait renvoyer la désobéissance civile du Rassemblement. Ce dernier aavit déjà poussé le Président Joseph Kabila à convoquer le deuxième dialogue, pour éviter le ‘’carton rouge’’ du 19 décembre 2016.

Cependant, de l’autre côté de la MP, on brandit les biceps : « Tout celui qui cherchera à troubler l’ordre public rencontrera la force de la loi, conformément à la constitution », a rétorqué un cadre de la MP. Les protagonistes sont rentrés à la case de départ et risquent d’offrir encore une fois de plus au peuple congolais des scénarios proches de l’apocalypse.