Alors que les négociations pour le renouvellement de la mission se poursuivent, l’ambassadrice américaine aux Nations-Unies, Nikki Haley, a déclaré mercredi que les Casques bleus de l’ONU en République démocratique du Congo aident un gouvernement « corrompu et qui assaille ses citoyens ».

« La mission de maintien de la paix de l’ONU est mandatée pour établir un partenariat avec le gouvernement », a déclaré Mme Haley au Council on Foreign Relations de New York [NDLR : un think tank non partisan américain, ayant pour but d’analyser la politique étrangère des États-Unis]. « Autrement dit, l’ONU aide un gouvernement qui inflige des actes criminels à son propre peuple. Nous devrions avoir la décence et le bon sens d’y mettre fin », a-t-elle ajouté.

Les propos de Mme Haley sont intervenus deux jours avant l’expiration du vote du renouvellement, pour 1,2 milliard de dollars de budget, du mandat de la mission de l’organisation des Nations unies pour la stabilisation en RD Congo (Monusco).

Les négociations confidentielles du Conseil de sécurité sur son renouvellement se déroulent au milieu d’avertissements de la part des Nations unies quant au risque d’expansion de la violence dans tout le pays à l’approche des élections prévues avant la fin de 2017.

Les Etats-Unis veulent que le plafond des troupes soit réduit d’un quart, soit à 15.000, affirment de hauts diplomates. Du côté de l’ONU, le Secrétaire général, Antonio Guterres, souhaiterait au moins une augmentation de deux unités supplémentaires de police (320 officiers) ; ce que Washington ne veut pas entendre parler et voudrait plutôt maintenir le total actuel de 1.050 policiers.

Additionnant à la tension actuelle, la découverte la semaine dernière par des villageois des corps de deux enquêteurs de l’ONU et de leur interprète congolais qui avaient disparu ce mois-ci dans la province du Kasaï-Central, une région en proie à une violente insurrection.

L’échec à aller de l’avant met en péril les progrès actuelles

La RDC est un riche pays en ressources naturelles, qui a obtenu son indépendance de la puissance coloniale en 1960 mais n’a jamais connu une transition pacifique du pouvoir. En décembre, le maintien du président Joseph Kabila à la fin de son dernier mandat a soulevé des craintes que le pays, chroniquement instable, puisse basculer à nouveau dans une guerre civile.

Toutefois, l’opposition avec la coalition au pouvoir et les alliés de Kabila ont signé un fragile accord le 31 décembre qui prévoit la fin du mandat du président Kabila à l’issue d’élections qui doivent avoir lieu d’ici la fin de 2017. [Mais cet accord tarde à se mettre en place].

« L’échec à aller de l’avant avec l’accord viole clairement la volonté du peuple congolais et met en péril les progrès réalisés jusqu’à présent », a déclaré mardi Mark Toner, le porte-parole du Département d’Etat américain.

« Les Etats-Unis exhortent les membres du gouvernement et dirigeants de l’opposition à s’abstenir de toute déclaration ou action qui pourrait inciter à la violence ou aux troubles », a-t-il ajouté dans un communiqué.