Après trois ans de procès, la justice a enfin été dite. Claudia Furaha Nfundiko, c’est le nom de cette activiste de droits humains qui a osé et a gagné contre la CAA devant la justice congolaise. Lésée par la manière dont cette compagnie a traîté ses clients, cette juriste de carrière et défenseuse de droits humains a cru en la justice congolaise car, selon elle «la justice élève une nation » et s’est engagée dans un procès contre la CAA et est arrivée jusqu’au bout malgré le temps que cela a pris. Comment les choses se sont-elles passées?

Genèse du dossier

Tout est parti en décembre 2020 quand Claudia Furaha Nfundiko devrait quitter la ville de Bukavu pour rejoindre la capitale celle de Lubumbashi pour ses vacances de Noël et des fins d’année. En allée, tout était parfait. Le vol a pris normalement deux heures, comme d’habitude. Avec son billet d’avion, aller-retour, elle devrait retourner à Bukavu une semaine plus tard après son séjour dans la capitale du cuivre et c’est par-là où tout a commencé.

Arrivée à l’aéroport de la Loano depuis 9 heures, c’est à 18 heures que la compagnie va annoncer à ses clients de rentrer à la maison pour revenir le lendemain, sans aucune autre forme d’explication.

Parmi les clients, il y avait non seulement ceux qui venaient de Lubumbashi pour Bukavu, mais aussi ceux qui étaient en transit dans cette ville avant d’aller dans l’est du pays.

Début du calvaire

Après cette annonce par la compagnie aérienne sur le report du vol, certains clients, parmi eux Claudia Furaha Nfundiko se sont indignés. Ces derniers ont plaidé auprès du chef d’agence de Lubumbashi de songer à loger des clients qui n’avaient nulle part où aller. Des discussions vives s’en sont suivies après lesquelles la compagnie aérienne CAA a remis à chacun de client une somme de 10 dollars américains sans tenir compte des paramètres sécuritaires, du logement encore moins de la restauration ainsi que du transport vu que l’aéroport de la Loano est un peu éloigné du centre-ville. Certains clients sont partis à l’hôtel, d’autres sont restés à l’aéroport jusqu’au crépuscule en attendant l’heure du vol.

Lubumbashi – Bukavu, quatre jours au lieu de 2 heures

Oui. En temps normal, le vol Lubumbashi jusqu’à Bukavu dure deux heures. Mais pour ce cas, il a fallu 72 heures à Claudia et ses coéquipiers de voyage pour arriver à destination. Comment est-ce possible?

Après l’annulation du vol le premier jour, tous les clients se sont encore présentés à l’aéroport à l’heure convenue, espérant voyager cette fois-ci.

Ils sont depuis tôt le matin, mais c’est enfin à 13 heures qu’on les annonce le début de l’embarquement. Ils commencèrent à entrer dans l’avion sans faute. Une fois dedans, ils seront obligés d’attendre encore plusieurs heures sans décoller, encore moins sans aucune communication de la part des agents commis aux services de la compagnie aérienne. La panique s’installa. C’est après que la CAA va dire à ses clients que l’appareil est en panne et qu’ils sont en pleine réparation. Chose qui n’a pas arrangé nombreux parmi eux et ont préféré descendre dans l’engin. Plus tard, le programme du voyage a été aussi reporté. C’est fît pour la deuxième.

Le cap sur Bukavu

Le troisième jour, les passagers sont de retour à l’aéroport espérant encore une fois voyager. Cette fois-ci, ils ont décroché leur vol qui, au lieu d’atterrir à l’aéroport de Bukavu à Kavumu dans la province du Sud Kivu, va atterrir à l’aéroport international de Goma dans la province du Nord Kivu. Troublés par les événements de Lubumbashi, les clients sont restés sans mot. C’est ainsi que certains parmi eux, neufs au total dont Karubara Nkuzi Safi, Badosanya Kajiramugabi Espoir, Cinthya Garai, Robert Garruba, Denis Pam, Kipuka Kikukama Kepson et Alain Giongega y compris Claudia Furaha Nfundiko sont allés encore une fois voir le chef d’agence de Goma pour plaider ce cas. La réaction était similaire à celle vécue à Lubumbashi. Mais, certains passagers étaient déjà partis dans des familles d’accueil et d’autres ont préféré aller loger dans des hôtels à leur propre frais. Connaissant les droits car ayant fait des études en droit, Claudia Furaha n’a pas désisté. Cette dernière a exigé que l’hôtel prenne en charge les 9 passagers qui sont restés jusqu’à leur destination finale.

Comme il faisait déjà tard et en attendant un programme de vol pour Bukavu le lendemain, le chef d’agence de Goma a ordonné que ces neufs passagers soient logés dans un hôtel au centre-ville. Arrivés à l’hôtel, ces derniers ont encore une fois abandonnée à leur triste sort. A part le logement, ils n’avaient pas droit ni à manger, encore moins de boire quoique ce soit au frais de la compagnie. Après plusieurs pressions au téléphone, jusqu’à arriver à la Direction générale de la compagnie que ces derniers ont été remis dans leur droit en tant que client.

Prévu le lendemain, c’est après une deuxième nuit à l’hôtel que CAA a envoyé son véhicule pour les récupérer et enfin voyager pour Bukavu.

Le jugement

Lésée par tous les évènements et façon dont les choses se sont passées, cette activiste n’a pas voulu croiser les bras. Une plainte a été introduite au Tribunal de commerce de Bukavu, début janvier 2021.

Siégeant publiquement à son audience du 7 février 202 à laquelle ont siégé le magistrat Dimbi Tusia Azor (président), Ndakala Emmanuel, Matata Tchombe ( juges consulaires) en présence de Lubumbu Nyembo Blaise, officier du Ministère public, avec l’assistance de Cikwanine Mweze Landryne, gréffière du siège ; le Tribunal de commerce a officiellement rendu sa décision. Après plusieurs audiences, les avocats de la partie CAA ont introduit la Suspicion légitime et sont allés à la cour de Cassation pour récuser le juge. A son tour, la Cour les a renvoyés au tribunal siégeant sur ce dossier en premier degré. L’action de la partie plaignante a été déclarée fondée par le Tribunal et la justice a condamné la Compagnie CAA a payé la somme de 33.000 dollars américains équivalent en franc congolais à titre des dommages et intérêts en réparation de tous les préjudices subis. Il est reproché à cette compagnie d’aviation de n’avoir pas garantie la sécurité de ses clients ainsi que de leurs biens. Ainsi, après le jugement, la somme de 33.000 dollars américains sera repartie à ces 9 personnes en raison de 4150 dollars pour chacun pour réparer les préjudices causées.

Faut-il vraiment foi à la justice à la justice congolaise ?

Intéressée par ce dossier depuis le début jusqu’au prononcé du jugement notre rédaction, la partie gagnante pour répondre à cette question. Pour Claudia Nfundiko, il y a encore de l’espoir avec la justice congolaise. « Le droit a été dit en notre faveur, je suis contente. Je crois aussi que le peuple congolais ne devrait se borner aux on dit. Le fait que les gens disent que la justice n’existe plus en RDC, nous venons de l’expérimenter encore pas devant n’importe qui et nous pouvons dire qu’il y a encore des juges impartiaux qui savent dire le droit. Nous devons être à mesure d’affronter cette justice et d’avoir des faits et de la matière pour soutenir ce que nous avons comme problème » a-t-elle fait savoir tout en appelant les congolais à croire en la justice de leur pays pour arriver à son émergence.