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La police crée un autre héros : Rossy Mukendi

Le 25 février, la police congolaise a tiré sur un manifestant, Rossy Mukendi, à la paroisse Saint Benoît de Lemba. Une balle dans l’abdomen, une autre dans les côtes droites ont suffi à l’étaler par terre. Petit effort pour se relever et enlever le t-shirt qui devenait de plus en plus encombrant pendant ce moment […]

Le 25 février, la police congolaise a tiré sur un manifestant, Rossy Mukendi, à la paroisse Saint Benoît de Lemba. Une balle dans l’abdomen, une autre dans les côtes droites ont suffi à l’étaler par terre. Petit effort pour se relever et enlever le t-shirt qui devenait de plus en plus encombrant pendant ce moment d’étouffement où l’hémorragie interne bouchée progressivement les voies respiratoires et le cœur en manque de sang perdait lentement mais sûrement sa puissance. Avec cet effort, si quelqu’un s’est fait l’illusion que « ça ira bien », il avait tord. Rossy Mukendi était agonisant.

Ses proches qui l’entourent à cet instant précis où Rossy lutte contre la mort, entendront longtemps sa voix qui leur demandait secours, raisonner dans leurs pensées sous forme d’un discours d’adieu. Mais ils n’entendront plus la même voix les commander à s’engager sur la voie de la lutte contre le « non-respect des normes constitutionnelles ». Pandanjila (leader en tshiluba) le Vaillant, comme il s’identifie sur facebook, a passé l’arme à gauche. La police a rependu le sang d’un militant. C’est dans ce sang que plus d’un congolais plonge sa plume pour inscrire en rouge le nom de Rossy Mukendi au rand de « héros ».

Son nom est sur les lèvres de tous ceux qui racontent la marche du 25 février 2018. Sa figure figure sur les profils facebook, twitter, watsapp de ceux qui s’identifient à son combat, le rendant un peu immortel alors qu’il se glace dans la morgue. La police nationale congolaise a créé un autre héro, symbole de la troisième du Comité laïc de coordination à l’instar de l’aspirante Kapanga lors de la deuxième marche des Laïcs.

Il était instruit

L’identité de ceux qui marchent en RDC est souvent assimilée aux « délinquants, terroriste… ». Le parcours de Rossy MUKENDI montre qu’il a axé son combat à la fois sur le patriotisme et l’intellect. C’est avant tout un internationaliste formé à l’Université Nationale pédagogique où il a obtenu une licence en relations internationales. Un titre plus que suffisant pour comprendre les dynamiques du monde et les phénomènes internationaux qui expliqueraient la situation politique congolaise telle quelle et telle qu’elle devrait-être.

Présenté par ses proches comme assistant de recherche dans le temps et assistant d’enseignement l’UPN à l’UPN avant sa mort, Rossy Mukendi s’est donné à analyser les relations entre la RDC et les organisations internationales telles que l’ONU et la CIRGL en griffonnant quelques articles scientifiques comme « l’ONU aujourd’hui : la perception des actions des agences du système des nations-unis en RDC ; De la CEPGL à la CIRGL : La souveraineté de la RDC à travers le prisme de la géopolitique institutionnelle dans la Région des grand-lacs africains » qu’il partage avec la communauté scientifique sur son blog rossymukendi.unblog.fr.

Rossy n’avait pas seulement des prédilections mentales pour son combat, mais il en avait aussi physique acquises par la formation et la pratiques aux arts martiaux dans la discipline de Ju-Jitstu. Ce qui peut expliquer parfois son discours martial à la veille de la marche du CLC du 21 janvier 2018 « Nous allons colorer le sol congolais rouge de notre sang, pourvu que nos enfants ne vivent pas esclaves demain… quand la mort viendra, je partirai fier d’avoir défendu un idéal ».

Ses relations avec les forces de l’ordre

Rossy Mukendi Tshimanga s’est révélé peu à peu aux yeux des congolais lorsqu’il affiché son engagement politique en créant le mouvement citoyen « Collectif 2016 » en 2016 alors que le second mandat du président Joseph Kabila expirait et l’organisation des élections pour sa succession restait incertaine.

Il tombe dans les filets des forces de l’ordre 10 avril 2017, lors de la marche pacifique organisée par le Rassemblement de l’opposition qui réclamait la publication du calendrier électoral. Il sera détenu au secret au cachot du camp militaire Kokolo pendant 3 jours. Selon l’Association congolaise pur l’accès à la justice, Rossy a « fait l’objet des menaces de mort, torture et mauvais traitements pour le contraindre à abandonner son engagement citoyen ».

Le 17 mai, Rossy Mukendi a été arrêté, avec 13 de ses collègues, par la police lors d’une marche pacifique qu’ils avaient organisée, dans la commune de Ngaba, pour réclamer la réhabilitation de l’avenue de l’Université et l’amélioration de fourniture d’eau et d’électricité. 48 heures après la police avait libéré ses 13 collègues ; et lui « fut remis au service de renseignement militaire ex DEMIAP où il sera détenu jusqu’au 16 juin 2017 sans droit de visite, d’assistance de conseil, ni d’être présenté devant un juge ».

Le 28 juillet, le porte parole de la police avait annoncé publiquement qu’ « un avis de recherche était lancé contre Rossy MUKENDI au motif fallacieux qu’il serait membre de la milice Kamwina Nsapu. Depuis lors, il était âprement recherché par les services de sécurité et sa vie était réellement en danger », fait remarquer l’ACAJ.

Selon cette même ONG des droits de l’homme, le 28 août, le Collectif 2016 avait publié un communiqué de presse s’inquiétant pour sa vie étant donné qu’il recevait régulièrement des appels téléphoniques l’invitant à se rendre soit au Commissariat provincial de la police de Kinshasa (IPKin), soit au Ministère de l’Intérieur pour « une communication le concernant ».

Dans son communiqué, la Police nationale congolaise a laissé entendre que Rossy Mukendi était un « fauteur des troubles » qu’un de ses éléments a neutralisé. Dans les médias, sur la toile, les sympathisants pleurent un « martyr de la démocratie », « un héros » qui a sacrifié sa vie pour « la justice et le bonheur de tous » comme il l’a écrit le 30 décembre 2017, à la veille de la première marche du Comité laïc de coordination.

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