La rigueur, c’était son maître mot. Pendant les cinq années passées à la Primature, Augustin Matata Ponyo a été intraitable sur certains dossiers. Seul contre syndicats, lobbyings, hauts cadres de son parti ou même l’opinion dans son ensemble, l’ancien Premier ministre passait dans sa caravane, regardant les chiens aboyer.
Il n’était pas du type à plaire à tout le monde. L’une des ses réformes-choc a porté sur le secteur de l’importation. L’homme de la rigueur a interdit l’importation des véhicules vieux de plus de dix ans. Une réforme controversée qui n’a peut-être plus de l’avenir maintenant qu’il n’a plus la signature.
La polémique a resurgi dans le chef de certains au sein des entreprises publiques «frappées» par cette réforme apportée par Matata Ponyo à travers un décret signé quelques mois après son entrée en fonction. Lors d’une réunion de travail tenue jeudi dernier, les délégués syndicaux de la Société congolaise des transports et ports (SCTP), la Direction générale des douanes et accises (DGDA), l’Office de gestion du fret multimodal (OGEFREM), l’Office congolais de contrôle (OCC), les Ligne maritimes congolaises (LMC) et la Congolaise des voies maritimes (CVM), ont fait l’inventaire des méfaits sociaux de cette réforme.
«Après multiple réflexions nous avons constaté que ce décret a occasionné d’énormes conséquences sur les plans social, économique et financier: la baisse sensible des recettes des services œuvrant au port et d’autres services connexes ; l’investissement non rentable des équipements de contrôle technique des véhicules achetés par l’OCC et la non-utilisation des infrastructures d’assistance aux chargeurs (le parc à véhicules et à bois) achetés par l’OGEFREM ; les arriérés de salaire des agents et cadres des services ci-haut cités le chômage à plusieurs niveaux (hôtellerie, agence de douane etc.) et paralysie des activités au niveau de la ville de Boma», indique le communiqué conjoint lu par le président de la délégation syndicale de la SCPT (ex ONATRA).
Au vu de cette situation, les représentants syndicaux des entreprises susmentionnées sollicitent de l’actuel Premier ministre, l’abrogation «pure et simple» dudit décret pour l’intérêt et le bien-être de la population.
Les délégués syndicaux de ces sociétés voient dans le départ de Matata Ponyo une aubaine pour «saborder» ses réformes. Une expertise qualifiée a œuvré pour aboutir à un tel souhait? Est-ce le fruit d’une séance de travail vite-fait ? Ce que nous pouvons dire pour l’instant c’est que dans d’autres secteurs on emboitera peut-être aussi le pas. Une démarche qui accuse encore une fois le mal qu’on les réformes à être pérennisées. Comme qui dirait les hommes passent, leurs réformes trépassent, mais les institutions restent… un éternel recommencement.