Phares allumés, les avertisseurs spéciaux le rouge, l’orange, le bleu en plein jour, la Toyota de la police nationale congolaise immatriculé 4373AH01 roule très lentement sur la onzième rue Limete industriel, à la quête des manifestants. Les motorolas chuchotent et captivent davantage mon attention.
» Makambu ango e bandi ! » « ça commence! » murmure un jeune sous le parasol d’une cabine à côté de l’agence de voyage « Service Air ». « Toza combien ? » « Nous sommes au nombre de combien ? » réagit l’autre, qui se met à compter les gens autour de lui avec les yeux. « Kobimisa téléphone te ! » « Ne sort pas ton téléphone, » m’interdisent-ils. Les gestes sont limités au maximum pour éviter d’attirer l’attention des policiers vers nous.
Rien de suspect, le véhicule fait ses manœuvres devant Cliniques Rapha et fait demi-tour.
Le gouverneur de la ville de Kinshasa n’a pas autorisé la marche du Rassemblement de l’opposition de ce 19 décembre. Il a à la place autorisé la police congolaise d’assurer l’ordre au cours de cette journée annoncée tendue. De la parole à l’acte les éléments de la police congolaise sont déployés un peu partout à travers la ville de Kinshasa pour disperser « les attroupements de plus de 5 personnes. »
C’est devenu un peu une habitude. Le Rassemblement annonce la marche, l’Hôtel de ville l’interdit et le jour J la police se balade toute seule dans les rues de Kinshasa