Bien que rien n’ait filtré de cette rencontre à huis clos entre les quatre chefs d’Etat, tenue à Nairobi, au Kenya, en marge de la cérémonie officielle de l’adhésion de la République démocratique du Congo (RDC) à la Eastern Community African (EAC), mais dans l’entourage du président congolais, Félix-Antoine Tshisekedi l’on qualifie l’essentiel de leurs discussions de « franches mais difficiles ».
Alors qu’il n’y a eu ni photo officielle, ni communiqué officiel le 8 avril dernier, à l’issue de la cérémonie de cette adhésion, du côté de Kigali, l’on signe et persiste qu’il s’agissait, lors de cette réunion secrète, d’évoquer l’intégration de la RDC au bloc de la sous-région des pays membres de l’Afrique de l’Est.
Faux, affirment plusieurs sources dans les milieux diplomatiques et présidentielles à Kinshasa. Pour celles-ci, le seul dossier qui a été au centre de cette messe à huis clos, c’est bel et bien celui du Mouvement du 23 (M23). Le mouvement rebelle fait encore parler de lui, après avoir fait résurgence fin mars dernier.
À en croire les mêmes sources, les quatre Présidents ont discuté de la question du dialogue avec le M23. La même question renseigne-t-on, avait été discutée, le 24 mars dernier, en Jordanie, où les présidents rwandais et congolais s’étaient rencontrés lors d’un sommet à Aqaba. Le M23 qui, par la reprise intense d’affrontements en novembre 2021, et aussi le 27 mars dernier a surpris plusieurs personnes, continue à faire parler de lui dans différents salons diplomatiques, après qu’il a repris plusieurs villages de Rutshuru, au Nord-Kivu, alors qu’au même moment, Kinshasa accuse le Rwanda d’apporter un soutien d’avant-garde à ce groupe armé.
Il faut noter que Tshisekedi Tshilombo et Uhuru Kenyatta avaient convenu des discussions quadripartites, alors que se tenait la cérémonie d’intégration et la signature de l’acte d’adhésion de son pays à l’EAC. Pour ce faire, des sources diplomatiques affirment que le Président congolais et les trois chefs d’Etat se sont mis d’accord pour voir comment trouver une solution politique (non militaire) avec le mouvement rebelle. Tshisekedi a accepté l’idée d’engager des discussions avec le M23. Des négociations qui, probablement peuvent débuter d’ici deux ou trois semaines, sans savoir avec quels termes de référence.
Par ailleurs, l’on indique que la question du rapatriement des membres du M23, jusqu’ici au Rwanda et en Ouganda, est actuellement gérée par le Mécanisme national de suivi de l’Accord-cadre d’Addis-Abeba.
Ceci suscite plusieurs craintes du milieu des différentes chancelleries, alors qu’un nouveau programme de désarmement, démobilisation et réintégration a été lancé il y a peu. À Kinshasa tout comme à Nairobi, où siège Huang Xia, l’envoyé spécial du Secrétaire général de l’ONU pour la région des Grands Lacs, l’on suit de près cette situation. Bintu Keïta, la cheffe de l’ONU en RDC se serait même entretenue avec le chef de l’Etat congolais.
Giscard Havril