Le Souverain Pontife a quitté Kinshasa ce vendredi 03 février. Destination, Juba au Soudan du Sud, après quatre jours sur le sol congolais. Si la République démocratique du Congo est un État laïc, l’Église catholique casse les codes de cette laïcité. La visite du Pape François, a sans doute confirmé la domination catholique dans un pays où la liberté de culte est constitutionnelle.
La semaine a été particulière à Kinshasa, la capitale congolaise. Pendant quatre jours, les comportements ont même changé, des routes bien entretenues, les dispositifs sécuritaires renforcés, les opposants ont même enterré la hache de guerre face au régime en place. Qui peut alors changer tout en un claquement des doigts si ce n’est que le Pape ?
L’évêque de Rome a consulté les politiques, exhorté les jeunes et recadré les prêtres congolais. Comme un Père, il a réussi à réunir autour d’un idéal. Il a aussi martelé sur « la protection des richesses » et a lancé un message fort aux dirigeants du monde: « retirer vos mains sur le Congo ». Le candidat malheureux de l’élection présidentielle Martin Fayulu a même pardonné. Donc, le message du Pape est tombé sur une terre fertile.
Plus de 45 millions de fidèles en RDC
Le Souverain pontife a, dans son dernier discours avant de quitter la RDC, a dit aux prêtres « que n’entre pas l’esprit mondain qui nous fait interpréter le ministère selon les critères de nos intérêts lucratifs personnels, qui nous rend froids et détachés ».
Avec plus de 45 millions de fidèles en RDC, estime l’archidiose de Kinshasa, l’Église catholique a son mot à dire et n’en cache jamais devant les dirigeants congolais.
Aujourd’hui encore l’Église catholique continue d’avoir une forte influence dans le pays et joue le rôle de régulateur social dans de nombreuses communautés. Notamment, avec des écoles à travers le pays, des centres de santé, des universités pour ne citer que celles-ci.
40% environ des écoles sont gérées par l’Église catholique
Les écoles catholiques sont un des piliers de l’éducation en République démocratique du Congo. Depuis plusieurs décennies, elles sont un élément incontournable à travers le pays pour la formation des Congolais. Plusieurs congrégations religieuses sont impliquées dans ce domaine comme les salésiens ou les augustins.
Au fil des années, l’Église catholique a lutté contre la mauvaise gestion des dirigeants congolais, la corruption, se faisant une éternelle opposante du système politique de la RDC.
Politiquement, de la Conférence nationale souveraine aux protestations autour du processus électoral entre 2015 et 2018, en passant par la redynamisation d’une opposition politique affaiblie par les pratiques de débauchage et de corruption, elle a joué un rôle crucial dans la lutte pour la démocratie dans le pays, à travers notamment la Conférence épiscopale nationale du Congo (CENCO) et le Comité laïc de coordination (CLC).
Après la visite du Pape, le Congo attend de vivre des heures renouvelées, les jeunes espèrent vivre des beaux jours et les politiques attendent des élections transparentes et apaisées. L’Église quant à elle, devrait, d’après les discours du Pape, se préoccuper de l’évangile en soutenant le peuple congolais, un peuple brave aux yeux du souverain pontife.