La ministre congolaise des Affaires étrangères, Thérèse Kayikwamba Wagner, a lancé mardi 28 janvier un avertissement sans détour au Conseil de sécurité des Nations unies : « Si ce Conseil échoue, la rue va s’en charger. La rue n’a pas d’ordre ni de tempérament. », Dit-elle. Une déclaration percutante qui souligne l’urgence d’agir face à l’implication du Rwanda dans l’offensive du M23 et la crise humanitaire qui ensanglante l’est de la RDC.
Kinshasa accuse Kigali d’être responsable de la mort de soldats sud-africains, malawites et uruguayens engagés dans les opérations de maintien de la paix sous l’égide de la MONUSCO.
« Le Rwanda a frappé l’Afrique et l’Amérique latine en tuant des militaires sud-africains, malawites et uruguayens venus protéger les civils. Il a frappé ce Conseil en tuant des Casques bleus de la MONUSCO. Jusqu’à quand le Rwanda continuera-t-il d’abuser de votre respect et de votre autorité ? », a déclaré avec fermeté la ministre d’État et ministre des Affaires étrangères de la RDC, Thérèse Kayikwamba Wagner, lors de son intervention. Kinshasa qualifie cette situation de violation flagrante du droit international et exige des mesures concrètes de la part de l’ONU.
Sur le terrain, la situation reste extrêmement tendue. Les Forces armées de la RDC (FARDC), appuyées par la MONUSCO et la Mission de la SADC (SAMIDRC), continuent d’affronter les rebelles du M23, qui contrôlent désormais une grande partie de la ville de Goma. Les pertes humaines et les violations des droits de l’homme se multiplient, plongeant la région dans une crise humanitaire sans précédent.
« Plus de cent blessés ont été admis dans les structures de santé du Comité international de la Croix-Rouge (CICR), et plus de 500 000 personnes ont été déplacées en janvier dans les provinces du Nord-Kivu et du Sud-Kivu », a rapporté la ministre. Elle a également dénoncé les coupures d’eau et d’électricité, ainsi que les restrictions humanitaires qui paralysent la ville. « Goma est assiégée, sans moyens de subsistance, et les populations civiles sont prises au piège », a-t-elle insisté, appelant à une action immédiate pour protéger les civils.
La RDC a rappelé que le Rwanda a déjà ignoré les engagements pris dans le cadre des processus de paix de Luanda et de Nairobi, ainsi que le cessez-le-feu du 4 août 2024. « Le Rwanda a démontré qu’il se moque des déclarations de ce Conseil. Il a poursuivi son offensive malgré les avertissements du 26 janvier et bombarde désormais des infrastructures civiles », a dénoncé Thérèse Kayikwamba Wagner. Kinshasa exige désormais des sanctions ciblées contre les responsables du M23 et les officiers rwandais impliqués dans cette agression.
« Si ce Conseil ne sanctionne pas, l’histoire retiendra son impuissance et son indifférence face à cette crise », a martelé la ministre, mettant en garde contre une extension du conflit à l’ensemble de la région si la communauté internationale ne prend pas de mesures fermes. « Une guerre ne connaît pas de frontières. Elle est sale, elle consume tout sur son passage », a-t-elle averti, en réponse aux déclarations du Rwanda évoquant des impacts de combats sur son propre territoire.
Plusieurs pays africains ont exprimé leur soutien à la RDC, insistant sur la nécessité d’une action rapide et déterminée du Conseil de sécurité. Face à l’escalade de la violence et à la crise humanitaire qui s’aggrave, la pression monte pour que des sanctions soient enfin imposées contre le Rwanda. La balle est désormais dans le camp de la communauté internationale, qui doit choisir entre l’inaction et la responsabilité.