Des hommes armés, le visage dur, que l’on dit être des soldats incontrôlés des FARDC. Alertés par un bruit suspect, l’évêque et deux prêtres, dont le vicaire, s’avancent pour comprendre. La réponse est immédiate : une rafale de balles déchire l’air, frôlant leurs têtes.
Par une grâce inexplicable, ils en réchappent indemnes.Mais le pire est à venir. Les intrus, insensibles à la sainteté du lieu, brutalisent la sentinelle, pillent tout ce qui leur tombe sous la main et enferment leurs proies dans leurs propres chambres, comme des bêtes en cage. Les victimes, tétanisées, entendent leurs pas lourds résonner avant que le silence ne revienne.
Ce sont les cris des voisins, accourus après les détonations, qui mettent fin à l’assaut. Les assaillants s’évanouissent dans la ville, laissant derrière eux des cœurs battant à tout rompre et une peur tenace.
À Uvira, deuxième grande ville du Sud-Kivu après Bukavu, où les cicatrices des combats avec le M23 saignent encore, cet outrage fait l’effet d’un coup de couteau. « Mgr Muyengo, c’est notre lumière dans cette nuit sans fin. Qui ose s’en prendre à lui ? » s’écrie un fidèle, les yeux rouges de colère.
La société civile locale gronde, les habitants murmurent leur désarroi devant une insécurité qui dévore tout. Les autorités, débordées, promettent des enquêtes, des sanctions, mais leurs mots sonnent creux dans une région où la justice semble un mirage.Mgr Muyengo, lui, est debout, vivant, mais marqué.
Cet homme de foi, pilier d’une communauté à bout de souffle, incarne désormais une cible dans un conflit qui ne choisit plus ses victimes. À Uvira, où chaque jour apporte son lot de drames, cette attaque résonne comme un cri : jusqu’où ira cette guerre avant qu’on protège ceux qui maintiennent l’espoir en vie ?