Dans un contexte où la République démocratique du Congo se débat sous le poids de crises sécuritaire, politique et sociale, le président Félix Tshisekedi a récemment annoncé la formation éventuelle d’un gouvernement d’union nationale élargi à l’opposition. Une proposition qui a immédiatement suscité l’indignation de l’opposition, dénoncée comme une manœuvre pour consolider le pouvoir personnel du chef de l’État.
Ce lundi 24 février, Prince Epenge, porte-parole de la coalition Lamuka menée par Martin Fayulu, tonne : « Proposer un gouvernement d’union nationale aujourd’hui, c’est se moquer des Congolais, c’est cracher sur les enfants de Goma qui meurent, les enfants du Nord et Sud-Kivu que M. Tshisekedi a abandonnés. » Pour lui, le simple partage des postes ne fera qu’accroître la gloire personnelle de Tshisekedi, sans s’attaquer aux trois crises majeures qui secouent le pays : l’insécurité, l’illégitimité institutionnelle et la crise sociale.
Prince Epenge insiste sur la nécessité d’un dialogue authentique, préconisé par les Églises catholique et protestante, qui, selon lui, demeure la seule solution pour résoudre ces enjeux profonds. « C’est la solution, la seule d’ailleurs pour résoudre les trois crises graves auxquelles fait face la RDC », tranche-t-il, avertissant que le drame se poursuivra et que demain, ce sera Félix Tshisekedi qui devra en répondre devant le peuple. Pour lui, l’incapacité de Tshisekedi à protéger les Congolais est manifeste.
D’autres voix de l’opposition, notamment issues du sursaut national mené par Delly Sessanga, expriment leur scepticisme. Alain Bolodjwa, du parti Levons-nous et bâtissons, déplore que le gouvernement actuel se contente d’ouvrir la porte de l’union nationale à l’opposition, sans s’interroger sur les dysfonctionnements qui ont déjà plongé le pays dans la tourmente. « Nous sommes en face d’un problème qui met en mal le tissu social et qui pourrait hypothéquer l’avenir de la nation. Offrir des postes ne suffira pas, il faudrait comprendre ce qui n’a pas marché et, peut-être, envisager le départ de M. Tshisekedi », affirme-t-il avec amertume.
Hervé Diakese, porte-parole d’Ensemble pour la République, va encore plus loin en dénonçant une réponse pitoyable face à une crise d’une rare gravité. « Alors que nous sommes préoccupés à sauver le Congo, lui est préoccupé à sauver uniquement son pouvoir, issu d’une tricherie en récidive. Ce régime est une grande impuissance », clame-t-il sur X, dénonçant la préférence accordée aux mercenaires et aux milices plutôt qu’à la modernisation et au réarmement d’une armée nationale digne de ce nom.
Ainsi, l’annonce de ce gouvernement d’union nationale apparaît, pour de nombreux acteurs, comme un écran de fumée destiné à masquer l’ampleur des défaillances du régime actuel, plutôt qu’une véritable démarche de réconciliation et de redressement national. Dans un pays au bord du précipice, où chaque jour apporte son lot de violences et de tragédies, la question demeure : la solution de façade proposée par Tshisekedi pourra-t-elle répondre aux aspirations d’un peuple en quête de justice et de sécurité, ou ne fera-t-elle qu’enraciner davantage un système défaillant ?