Lundi 11 août, un nouveau cadre de concertation, le Conseil interreligieux congolais (CIC) regroupant huit confessions religieuses a présenté un rapport critique saluant la qualité globale des textes du « Pacte social pour la paix », une initiative CENCO-ECC, tout en pointant plusieurs zones d’amélioration.
Cette initiative voit le jour à la suite de la recommandation du président Félix Tshisekedi d’ouvrir l’initiative du « Pacte social pour la paix et le bien-vivre ensemble en RDC et dans les Grands Lacs » à toutes les confessions religieuses reconnues.
En associant huit nouvelles confessions religieuses au « Pacte social pour la paix », Félix Tshisekedi transforme une initiative CENCO-ECC en un instrument politique plus large. Au menu, le Chef de l’Etat exprime sa vision sur une inclusion formelle, recentrage sur la reconnaissance de l’agression rwandaise, et verrouillage du discours national sur la paix dans les Grands Lacs.
L’initiative conjointe de la CENCO et de l’ECC pour un « Pacte social pour la paix et le bien-vivre ensemble » avait jusqu’ici le visage d’un projet piloté par les deux principales forces chrétiennes du pays. Mais en recommandant d’élargir ce processus à d’autres courants religieux et en installant le Conseil inter-religieux congolais (CIC), Félix Tshisekedi modifie l’équation. Ce geste, en apparence inclusif, est aussi une manière pour le chef de l’État de reprendre la main sur un projet qui n’avait pas trouvé un accueil enthousiaste dans son camp.
Le rapport présenté lundi 11 août par les experts mandatés par le CIC, composé de huit confessions religieuses dont les Communautés Unies du Réveil, le Conseil supérieur chiite de RDC ou la COMICO a reconnu la pertinence du travail initial de la CENCO et de l’ECC, tout en pointant plusieurs zones d’ombre : absence de référence explicite à l’agression rwandaise via le M23, déséquilibre géographique dans l’analyse sécuritaire, ambiguïtés stratégiques dans la définition des « Grands Lacs », failles méthodologiques dans la sélection des experts, et confusion entre diplomatie religieuse et étatique.
En intégrant ces observations dans le processus, Tshisekedi gagne un double avantage. Légitimer le travail de la CENCO et de l’ECC tout en y injectant des priorités et cadrages plus proches de sa ligne politique, notamment la reconnaissance explicite de l’agression rwandaise, absent du texte initial.
Le Pacte social est conçu comme un outil de paix et de cohésion nationale dans une région marquée par des décennies de conflits. Mais dans le contexte actuel, notamment les tensions à l’Est, négociations de Doha avec l’AFC/M23, et accord de Washington avec le Rwanda, il devient aussi un instrument de diplomatie interne et externe.
En élargissant la base religieuse du projet, le chef de l’État évite qu’il ne reste perçu comme un outil d’influence de la seule CENCO, institution qui, par le passé, a souvent été critique envers son action. Le CIC, de par sa diversité confessionnelle, dilue ce monopole et offre un terrain de consensus plus contrôlable politiquement.