La corruption au sein de la justice congolaise ne se limite pas aux magistrats. Elle touche, selon Guillaume Ngefa, ministre d’État à la Justice, toute la chaîne judiciaire, des avocats aux greffiers, en passant par les huissiers et secrétaires de parquet. Face à ce constat, le nouveau garde des sceaux entend frapper fort : sa priorité sera de moderniser et digitaliser le système judiciaire afin de réduire les espaces d’opacité où prospère la corruption.
« Il faut des sanctions. Et quand on parle de corruption dans le secteur de la justice, ce n’est pas seulement le magistrat. (…) Nous devons moderniser l’administration de la justice et mes efforts vont être pour que nous puissions digitaliser le système », a déclaré Guillaume Ngefa mercredi soir, lors d’un briefing de presse conjoint avec Patrick Muyaya, ministre de la Communication et Médias.
La digitalisation comme outil d’assainissement
Loin des slogans habituels, le ministre de la Justice propose une voie pratique : l’informatisation des procédures. Selon lui, la numérisation des dossiers et des audiences réduira les manipulations de documents, limitera les contacts directs entre justiciables et personnels de justice — souvent sources de « frais occultes » — et permettra un meilleur suivi des décisions.
Changer l’image d’une justice décriée
« La perception de notre justice, c’est qu’elle manque d’indépendance. Elle est gangrenée par la corruption, souffre d’un déficit d’infrastructures et de mauvaises conditions carcérales », a-t-il reconnu. Pour inverser cette image négative, Ngefa veut travailler de concert avec le Conseil supérieur de la magistrature et replacer la confiance citoyenne au centre du système.
Un chantier immense
La tâche s’annonce herculéenne : former les magistrats aux outils numériques, équiper les juridictions, sécuriser les plateformes et, surtout, garantir que la digitalisation ne devienne pas un nouveau terrain de corruption. Mais le ministre croit en cette stratégie comme levier de transformation.
En misant sur la technologie pour moderniser la justice, Guillaume Ngefa tente d’ouvrir une brèche dans un système souvent jugé intouchable. Reste à savoir si cette volonté politique se traduira, dans les mois à venir, par des réformes tangibles dans les prétoires et les prisons du pays.