À l’occasion de la Journée mondiale de la contraception, plusieurs acteurs de la santé et du développement ont tiré la sonnette d’alarme sur les défis persistants qui entravent la planification familiale en République démocratique du Congo (RDC). Malgré des engagements pris au niveau national et international, la couverture contraceptive demeure l’une des plus faibles en Afrique subsaharienne.
Selon les dernières données du ministère de la Santé publique, hygiène et prévoyance sociale, moins de 20 % des femmes en âge de procréer utilisent une méthode moderne de contraception. Un taux qui reste très en deçà des objectifs fixés par le gouvernement congolais et ses partenaires.
Un financement en recul
Pour le Dr Patrick Djema, représentant pays de MSI RDC, qui s’est confié aux journalistes du RJSSR, la situation est inquiétante :
« Beaucoup de gouvernements qui soutenaient la RDC ont réduit leur financement globalement. Cela met en péril la planification familiale, souvent perçue à tort comme un secteur accessoire de la santé. Or, c’est un domaine qui sauve des vies et qui permet aux femmes de gérer leur maternité », explique-t-il.
Le désengagement de plusieurs partenaires internationaux, combiné à un affaiblissement de l’accompagnement politique mondial, complique davantage la mise en œuvre du plan stratégique multisectoriel de la planification familiale adopté par la RDC.
Un enjeu vital pour les femmes
Au-delà de la régulation des naissances, la contraception constitue un levier essentiel de santé publique. La Dre Anne-Marie Ntumba, directrice du Programme national de santé de la reproduction, rappelle que :
« La planification familiale ne vise pas à limiter les naissances, mais à donner à chacun la liberté de choisir le moment et le nombre de ses enfants. Elle peut réduire de 30 % la mortalité maternelle. »
Pourtant, la mortalité maternelle reste élevée en RDC, aggravée par les grossesses non désirées, les avortements à risque et les complications obstétricales évitables.
Des défis multiples
La situation est aussi préoccupante au niveau national. Le Dr Tony Mayawula, directeur exécutif par intérim de l’ABEF ND et représentant du Comité technique multisectoriel permanent (CTMP), pointe plusieurs obstacles :
- un financement insuffisant pour l’achat et la distribution de contraceptifs ;
- la faible disponibilité de prestataires qualifiés pour offrir des soins de qualité ;
- le manque d’information et de sensibilisation au sein des communautés.
Un appel à renforcer l’engagement
Face à ces constats, les acteurs de la planification familiale appellent le gouvernement et les partenaires techniques et financiers à renforcer l’investissement et à placer la contraception au cœur des politiques de santé et de développement.
« Chaque franc investi dans la planification familiale contribue non seulement à sauver des vies, mais aussi à améliorer la santé des femmes, à renforcer la résilience des familles et à favoriser le développement économique », a conclu le Dr Djema.
En cette Journée mondiale de la contraception, le message est clair : assurer l’accès universel aux méthodes modernes de planification familiale est une urgence nationale et mondiale.