Les lignes de fracture se précisent dans le débat autour du futur dialogue national voulu par le président Félix Tshisekedi.
Depuis Washington, où il accompagnait le chef de l’État, le porte-parole du gouvernement Patrick Muyaya a déclaré, ce mercredi soir, que la famille politique de Joseph Kabila s’était “auto-exclue” du processus pour avoir évité de nommer le Rwanda comme agresseur de la République démocratique du Congo.
La déclaration tombe comme une réponse directe aux conclusions du conclave tenu par l’ancien président à Lubumbashi, à l’origine du mouvement « Sauvons la RDC », qui plaide pour un “dialogue inclusif” face à la crise multiforme que traverse le pays.
Mais pour Kinshasa, ce plaidoyer a manqué l’essentiel. « Le président Tshisekedi a été clair : ceux qui refusent de nommer l’ennemi ne peuvent prétendre œuvrer pour la paix », a martelé Patrick Muyaya, avant d’ajouter :
« Ce genre de posture, qui consiste à ménager l’agresseur, traduit une complicité tacite avec ceux qui veulent saboter les efforts du peuple congolais pour construire un avenir stable. »
Selon lui, le dialogue voulu par Félix Tshisekedi ne se fera pas avec ceux qui flirtent avec les thèses du M23 ou de Kigali.
Le gouvernement se veut désormais dans une logique de cohérence. Il revendique un processus clair, articulé entre les pourparlers de Washington, les négociations de Doha, et l’initiative interreligieuse lancée en interne. « Le cadre du dialogue est déjà en place. Ce que nous voulons, ce sont des acteurs responsables, capables d’assumer la vérité sur les causes réelles de cette guerre », assure Muyaya.
À Kinshasa, cette prise de position a l’effet d’un coup de froid sur les partisans de Joseph Kabila, qui espéraient revenir au centre du jeu politique par la voie du dialogue. Car pour le pouvoir, le conclave de Lubumbashi n’a pas condamné Kigali, et c’est là sa faute capitale.
Le président Félix Tshisekedi, en déplacement à Bruxelles, avait d’ailleurs donné le ton quelques jours plus tôt : “Aucun dialogue avec les émissaires des agresseurs.” Une phrase qui ferme définitivement la porte à toute médiation politique incluant des figures soupçonnées de proximité avec le M23 ou le régime rwandais.

