En 2025, le Conseil de sécurité des Nations unies a adopté successivement les résolutions 2773 et 2808 sur la situation sécuritaire dans l’Est de la République démocratique du Congo. Deux textes votés à l’unanimité, porteurs de condamnations fermes et d’exigences claires. Pourtant, sur le terrain, la guerre se poursuit et les civils continuent de payer le plus lourd tribut.
La résolution 2773 appelait à la fin immédiate du soutien au groupe armé M23, à un cessez-le-feu durable et au respect de la souveraineté et de l’intégrité territoriale de la RDC. Plusieurs mois plus tard, face à la persistance des violences, le Conseil de sécurité a adopté la résolution 2808, prolongeant le mandat de la MONUSCO jusqu’en 2026 et suspendant son retrait progressif.
Ce second texte durcit le ton diplomatique et condamne explicitement l’offensive du M23 ainsi que le soutien de la Force de défense rwandaise. Toutefois, malgré ces positions plus fermes, la situation sécuritaire reste inchangée : affrontements armés, déplacements massifs de populations et insécurité chronique continuent de marquer le quotidien des habitants de l’Est congolais.
Le problème ne réside pas dans l’absence de décisions, mais dans leur application. En l’absence de sanctions automatiques et de mécanismes coercitifs crédibles, les résolutions du Conseil de sécurité demeurent largement dépendantes de la bonne volonté des États. Lorsque des intérêts géopolitiques s’opposent, le droit international peine à s’imposer.
Cette impuissance perçue alimente une colère populaire souvent dirigée contre la MONUSCO. Pourtant, la mission onusienne agit dans un cadre strict, avec un mandat limité défini par le Conseil de sécurité. Lui imputer l’échec du processus de paix revient à ignorer les contraintes politiques et opérationnelles qui pèsent sur son action.
Entre les résolutions 2773 et 2808, le Conseil de sécurité semble reconnaître implicitement les limites de son approche : il prolonge la mission, suspend son retrait et répète des exigences déjà ignorées. Les mots se durcissent, mais les conséquences pour les auteurs de violations restent faibles.
La paix en République démocratique du Congo ne viendra pas d’une résolution supplémentaire. Elle dépendra de la capacité de la communauté internationale à faire respecter ses décisions et à assumer le coût politique, économique et diplomatique de leur application. Sans cela, le fossé entre les décisions prises à New York et la réalité vécue à Goma continuera de s’élargir.

