La chambre haute du parlement congolais a basculé lundi 12 août, dans une nouvelle configuration politique avec l’élection du bureau définitif du Sénat.
Au terme d’une journée marquée par des alliances et tractations en coulisses, Sama Lukonde, représentant du regroupement politique Agissons et Bâtissons (AB), a triomphé face à son adversaire Jonas Mukamba des Forces Politiques et Sociales Alliées à UDPS (FPAU), consolidant ainsi sa position au sommet de l’institution.
En effet, cette victoire de Sama Lukonde n’est pas seulement une affaire de chiffre.
Elle illustre les recompositions subtiles et les jeux de pouvoir qui s’opèrent au sein de l’arène politique congolaise.
Derrière cette élection se dessine une lutte d’influence où les alliances se tissent et se défont au gré des intérêts partisans, reflétant une certaine fluidité dans les rapports de force entre les différents regroupements politiques.
Les victoires évidentes et les pertes amères
De son côté, Kalala Wa Kalala José, candidat unique au poste de premier vice-président, a été élu sans surprise, confirmant l’alignement stratégique de l’Alliance des Valeurs (AV) avec les puissants courants majoritaires.
Cependant, c’est au poste de deuxième vice-président que la compétition a été la plus acharnée, avec la victoire de Modeste Bahati Lukwebo (AFDC-A) qui a supplanté ses concurrents Eustache Muhanzi Mubembe et Corneille Isenge Ndelo Bokeka.
Mais au-delà de ces victoires, la composition du bureau définitif révèle des choix politiques lourds de conséquences.
Justin Kalumba, premier sorti en tête pour le poste de rapporteur, s’est retiré pour laisser place à sa collègue Néfertiti Ngundianza, soulignant ainsi un geste symbolique en faveur de la représentation féminine au sein de l’institution. Ce choix, motivé par une dynamique inclusive, révèle aussi une certaine résignation, Kalumba ayant estimé que sa province du Maniema était déjà représentée.
La déroute du MLC
Néanmoins, la grande perdante de cette élection reste indubitablement l’Union
Sacrée de la Nation (USN), dont seulement quatre des six candidats ont réussi à s’imposer. Le Mouvement de Libération du Congo (MLC), autrefois acteur clé de l’échiquier politique, a perdu sa place de rapporteur, un coup dur symbolisé par l’éviction de Jean Bamanisa Saidi au profit de Françoise Bemba. L’ascension de Néfertiti Ngundianza à ce poste, appuyée par l’USN, met en lumière les tensions internes et la fragilité des alliances au sein de cette plateforme politique.
Un bureau au service d’une nouvelle vision
La conclusion de ce processus électoral avec l’installation de Sama Lukonde à la présidence du Sénat scelle la fin d’une session extraordinaire et, plus largement, un cycle électoral complexe. Si cette nouvelle configuration institutionnelle marque une avancée vers la stabilité politique, elle met également en exergue les défis à venir pour l’USN, qui devra concilier les ambitions divergentes de ses membres tout en maintenant une cohésion face à une opposition déterminée.
Dans cette atmosphère perplexe, le Sénat, désormais au complet, devra prouver sa capacité à incarner une vision nouvelle pour le pays, une vision où les alliances de circonstance devront laisser place à des engagements durables pour répondre aux attentes pressantes de la population congolaise.