Le ministre français de l’Europe et des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, a atterri ce jeudi matin à Kinshasa pour une visite éclair en République Démocratique du Congo (RDC). Une arrivée discrète, mais qui intervient dans un contexte tendu, quelques jours seulement après la prise de Goma par les rebelles du M23, soutenus par le Rwanda.
Accompagné d’Emmanuel Cohet, l’envoyé spécial français pour la région des Grands Lacs, le chef de la diplomatie française doit rencontrer le président Félix Tshisekedi. Objectif : discuter de la crise sécuritaire qui secoue l’est du pays, où les combats entre les FARDC (Forces Armées de la RDC) et le M23 ont atteint un nouveau paroxysme.
Si l’agenda de M. Barrot reste flou, une source diplomatique européenne évoque la possibilité d’un déplacement à Kigali dans l’après-midi. Une hypothèse qui pourrait indiquer une volonté de Paris de jouer les médiateurs entre la RDC et le Rwanda, accusé par Kinshasa de soutenir militairement les rebelles.
Une visite sous haute tension
La visite de Jean-Noël Barrot survient dans un climat particulièrement tendu. Mardi 28 janvier, des manifestants ont attaqué l’ambassade de France à Kinshasa, accusant Paris de fermer les yeux sur les actions du Rwanda. Le ministre a qualifié ces actes d’ »inadmissibles », tout en appelant à une solution diplomatique pour désamorcer la crise.
Devant le Parlement français mercredi, Barrot a réaffirmé l’engagement de la France à soutenir les efforts de médiation. « Nous ferons tout notre possible pour contribuer à une résolution pacifique du conflit », a-t-il déclaré, tout en condamnant les violences qui menacent la stabilité régionale.
La SADC en alerte
Parallèlement, la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC) se réunira vendredi à Harare, au Zimbabwe, pour un sommet extraordinaire consacré à la situation dans l’est de la RDC. La prise de Goma par le M23 et les forces rwandaises a profondément inquiété les pays de la région, d’autant que plusieurs soldats de la mission de la SADC (SAMIDRC) ont perdu la vie dans les récents combats.
Selon le média sud-africain Daily Maverick, un retrait des troupes de la SADC pourrait être envisagé lors de ce sommet. Une décision qui, si elle était actée, marquerait un tournant dans l’engagement régional face à cette crise qui menace de déstabiliser toute l’Afrique des Grands Lacs.
En attendant, tous les regards sont tournés vers Kinshasa, où Jean-Noël Barrot tente, en quelques heures, de jouer les équilibristes sur une ligne diplomatique des plus fragiles.