Les déclarations du président rwandais Paul Kagame sur la situation sécuritaire en République Démocratique du Congo (RDC) ont provoqué un tollé en Afrique du Sud. Ce jeudi 30 janvier, les Sud-Africains ont vivement réagi sur les réseaux sociaux après que Kagame ait semblé défier Pretoria, affirmant que le Rwanda était prêt à « s’occuper de la question » si l’Afrique du Sud choisissait la confrontation.
Dans un message posté sur X (anciennement Twitter), Kagame a déclaré : « Si l’Afrique du Sud veut contribuer à des solutions pacifiques, c’est très bien, mais elle n’est pas en mesure de jouer le rôle de pacificateur ou de médiateur. Et si l’Afrique du Sud préfère la confrontation, le Rwanda s’occupera de la question dans ce contexte n’importe quand. »
Ces propos ont immédiatement enflammé les réseaux sociaux, où les internautes sud-africains ont exprimé leur colère et leur détermination à défendre leur pays.
Chris Excel, un internaute sud-africain, a réagi avec sarcasme : « Le Rwanda avec 2 avions et 3 chars de guerre, avec un budget de 1,2 million de dollars US, défie l’Afrique du Sud, qui dispose d’un budget de 2,8 milliards de dollars américains et d’un équipement militaire de classe mondiale. C’est une blague ? »
Zinhle Putin, une autre utilisatrice, a quant à elle souligné le sentiment de patriotisme qui anime les Sud-Africains : « Détestez Ramaphosa autant que vous voulez, mais lorsqu’un autre pays menace le nôtre, nous ne pouvons pas rester assis à ricaner. Il y a un bouton de patriotisme qui s’active ici parce que nous aimons tellement notre pays que nous ne permettrons pas à un criminel de guerre de le menacer. »
Msunu ka Johann Rupert a ajouté : « Lorsqu’il s’agit de questions qui nous affectent tous en tant que pays, nous les traitons en famille. Paul Kagame n’a pas menacé Cyril Ramaphosa en tant qu’individu, il a menacé la souveraineté et la sécurité de notre pays. »
Enfin, Tlangi Mogale a lancé un avertissement direct à Kagame : « Dites à Kagame que nous sommes prêts au combat et entièrement équipés… Il ne comprendra pas seulement la langue locale, mais aussi les stratégies locales. »
Une crise régionale qui s’envenime
Les tensions entre le Rwanda et l’Afrique du Sud s’inscrivent dans un contexte plus large de crise sécuritaire dans l’est de la RDC, où les rebelles du M23, soutenus par Kigali, ont récemment pris le contrôle de Goma, une ville stratégique. L’Afrique du Sud, membre de la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC), a déployé des troupes dans le cadre de la mission SAMIDRC pour soutenir les FARDC (Forces Armées de la RDC).
La mort récente de plusieurs soldats sud-africains dans les combats contre le M23 a exacerbé les tensions entre Pretoria et Kigali. Les déclarations de Kagame semblent donc avoir touché une corde sensible, ravivant les sentiments nationalistes en Afrique du Sud.
Face aux menaces de Kagame, certains Sud-Africains ont choisi l’humour pour répondre. « Nous sommes prêts à partager notre culture avec le Rwanda« , a ironisé un internaute, suggérant que Kagame pourrait avoir besoin d’une leçon sur la puissance militaire et diplomatique de l’Afrique du Sud.
D’autres ont rappelé que l’Afrique du Sud, en tant que puissance régionale, dispose d’une armée bien équipée et d’une influence diplomatique considérable, contrairement au Rwanda, dont les ressources militaires sont limitées.
Quel avenir pour les relations entre Pretoria et Kigali ?
Alors que les tensions montent, la question reste de savoir comment les deux pays vont gérer cette crise diplomatique. L’Afrique du Sud, par la voix de son président Cyril Ramaphosa, a jusqu’à présent privilégié une approche diplomatique, appelant à une résolution pacifique du conflit en RDC.
Cependant, les déclarations de Kagame pourraient compliquer les efforts de médiation et risquent d’envenimer davantage les relations entre les deux pays. Dans un contexte où la stabilité de toute la région des Grands Lacs est en jeu, les prochains jours seront cruciaux pour éviter une escalade qui pourrait avoir des conséquences désastreuses.
En attendant, les Sud-Africains, unis par un sentiment de fierté nationale, continuent de faire entendre leur voix sur les réseaux sociaux, prêts à défendre leur pays contre toute menace, qu’elle vienne de l’extérieur ou de l’intérieur.