Le procès historique visant l’ancien président Joseph Kabila a connu un nouveau rebondissement ce jeudi devant la Haute Cour militaire. Les avocats représentant la République démocratique du Congo ont sollicité la requalification des charges initialement retenues pour haute trahison en espionnage, tout en réclamant le paiement de plus de 24,7 milliards de dollars américains au titre de dommages et intérêts.
Lors de leur plaidoirie, les conseils de l’État, par la voix de Me Jean-Marie Kabengela, ont estimé que les faits incriminés ne relèvent pas uniquement de la haute trahison, mais correspondent plus précisément à des actes d’espionnage portant gravement atteinte à la souveraineté nationale.
« En conséquence, il convient de dire que les faits qualifiés de haute trahison par le ministère public sont en réalité constitutifs d’espionnage. Statuant sur la demande de dommages et intérêts pour réparation des préjudices matériels et financiers, il convient de condamner le prévenu à payer à la République démocratique du Congo l’équivalent en Francs congolais de l’ordre de 24.719.307.261 USD », a déclaré l’avocat.
Les avocats ont ajouté que cette somme ne couvre qu’une partie des préjudices subis, se réservant le droit d’introduire ultérieurement d’autres demandes liées à des dommages encore non évalués.
Joseph Kabila, au pouvoir de 2001 à 2019, fait face à une série de charges d’une rare gravité. La demande de requalification en espionnage, si elle était retenue par la Haute Cour militaire, marquerait une escalade juridique et politique majeure. L’espionnage, en droit congolais, est passible de lourdes peines allant jusqu’à la perpétuité, assorties de sanctions financières.
L’ancien chef de l’État, qui a toujours rejeté les accusations portées contre lui, est défendu par une équipe d’avocats qui dénoncent une instrumentalisation politique du dossier.
Ce procès, scruté de près par l’opinion nationale et internationale, intervient dans un contexte marqué par des tensions sécuritaires persistantes dans l’est de la RDC et par des débats autour de la gestion des ressources stratégiques du pays.
La demande colossale de 24,7 milliards USD, équivalente à plus de la moitié du PIB annuel de la RDC, illustre la portée symbolique et financière de cette affaire, dont le verdict pourrait redessiner le paysage politique congolais.
La Haute Cour militaire devrait se prononcer dans les prochaines semaines sur la recevabilité de ces nouvelles demandes.