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« La Journée mondiale de la contraception est un moment d’évaluer l’impact des engagements pris »

Entretien avec Eliane Kibubi, responsable de la Fondation Pakadjuma Résilience

À l’occasion de la Journée mondiale de la contraception, célébrée chaque 26 septembre, nous avons rencontré Eliane Kibubi, responsable de la Fondation Pakadjuma Résilience. Basée à Kinshasa, l’ONG œuvre dans les quartiers défavorisés pour promouvoir les droits liés à la santé sexuelle et reproductive. Elle revient sur les défis, obstacles et attentes de sa structure face aux réalités de terrain.

kinshasaTimes (KT) Pouvez-vous nous présenter brièvement votre ONG et ses principales actions dans le domaine de la santé sexuelle et reproductive ?

Eliane Kibubi (EK) : La Fondation Pakadjuma Résilience est une organisation composée d’hommes et de femmes, engagés sur cinq axes, dont les droits à la santé sexuelle et reproductive. Nous sommes basés à Kinshasa, mais nous avons la volonté de nous déployer dans d’autres provinces de la RDC.

KT : Que représente pour vous et pour votre organisation la Journée mondiale de la contraception ?

EK : C’est une grande journée qui nous permet d’évaluer les efforts déployés et les avancées en matière de santé sexuelle et reproductive. Elle rappelle aussi aux États signataires leurs responsabilités. Dans le cas de la RDC, nous avons ratifié plusieurs conventions, comme le Protocole de Maputo. Cette journée est donc un moment clé pour mesurer l’impact de ces engagements sur la vie réelle des femmes et des jeunes.

KT : Quelle est la réalité de l’accès à la contraception dans les quartiers défavorisés de Kinshasa où vous intervenez ?

EK : Le premier défi, c’est le manque d’information. Beaucoup de jeunes filles et de femmes ne connaissent pas leurs droits, ni les méthodes modernes de contraception. Faute de repères, elles se fient à des pratiques traditionnelles aux conséquences graves. Le mois dernier, avec l’ONG américaine Hesperian, nous avons mené une campagne de sensibilisation. Deux jeunes nous ont témoigné de leur recours à des méthodes traditionnelles inefficaces. Cela montre l’urgence de renforcer l’information, mais aussi de rendre accessibles des centres adaptés, avec des prestataires bien formés.

KT : Quels sont les principaux obstacles rencontrés par les jeunes et les femmes pour accéder aux méthodes contraceptives ?

EK : Il y a plusieurs barrières : la difficulté d’établir un dialogue franc avec le personnel médical, la peur du jugement, le manque de structures équipées, les croyances culturelles et religieuses, sans oublier le coût. Certains centres ne disposent même pas de médicaments. Même si nous constatons des avancées dans certains quartiers de Pakadjuma, les moyens logistiques restent très limités.

KT : Quelles stratégies votre ONG met-elle en place pour sensibiliser les jeunes et les familles à l’importance de la planification familiale ?

EK : Nous faisons beaucoup de sensibilisation de proximité, notamment du porte-à-porte. Mais cela demande des moyens pour assurer la continuité et former nos relais communautaires. Nous intervenons aussi dans les écoles et auprès des autorités locales. Nous avons compris qu’il est essentiel de transmettre ces informations dès le plus jeune âge, pour permettre aux enfants et adolescents de grandir avec une meilleure connaissance de leur santé sexuelle et reproductive.

KT : Quelles sont vos attentes vis-à-vis des autorités publiques et des partenaires internationaux ?

EK : Nous attendons un véritable accompagnement. La Fondation Pakadjuma Résilience est en contact direct avec des communautés très vulnérables. Nous plaidons pour qu’aucune femme ne soit discriminée pour avoir utilisé une méthode contraceptive. Avec l’appui des partenaires internationaux, il est possible de renforcer la résilience des ménages et d’assurer une meilleure santé reproductive. Rappelons que, selon les études démographiques, de nombreuses femmes meurent encore en RDC lors de l’accouchement, faute d’informations et d’accès aux services de planification familiale.

KT : En conclusion ?

EK : La Journée mondiale de la contraception est une opportunité pour rappeler que la santé reproductive est un droit fondamental. Investir dans l’information, la formation et les infrastructures, c’est sauver des vies et bâtir une société plus équilibrée.

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