Prévu cette semaine dans le cadre du suivi de l’accord de Washington, le nouveau round de négociations entre le gouvernement congolais et la rébellion de l’AFC/M23 est une nouvelle fois repoussé. Les discussions, désormais attendues à Doha sous la médiation du Qatar, devront tenter de relancer un processus de paix fragilisé par la méfiance et les retards accumulés.
Aucune explication officielle n’a été donnée sur les causes du report, mais plusieurs sources proches du dossier évoquent des contraintes logistiques et la nécessité pour les délégations de peaufiner leurs positions avant d’aborder les sujets sensibles. Selon une source diplomatique, les discussions « devraient permettre de consolider les acquis des cycles précédents et d’esquisser un accord global autour du cessez-le-feu et des mesures de confiance ».
Le prochain round, surnommé « Doha 6 », doit se concentrer sur la formalisation du mécanisme de cessez-le-feu entre les Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC) et les troupes de l’AFC/M23. D’après les documents préparatoires, le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) sera chargé d’assurer le suivi technique de la libération des prisonniers, un engagement pris lors de la signature de la Déclaration de principes de juillet dernier.
Washington, parrain du processus, a salué le rôle de médiation du Qatar et exhorté les parties à « transformer les avancées politiques en résultats concrets sur le terrain ». De son côté, le ministre d’État en charge de la Justice, Guillaume Ngefa, a confirmé que les échanges de détenus excluront « les auteurs d’atteintes graves au droit international humanitaire », insistant sur le caractère sélectif de la mesure.
Un processus diplomatique fragilisé par la méfiance
L’accord de Washington, censé ouvrir une nouvelle ère de coopération sécuritaire entre Kinshasa et Kigali, peine à se traduire en actions concrètes. Le mécanisme conjoint de coordination prévu pour juillet n’a toujours pas été activé, et le lancement du « Concept des opérations », initialement fixé au 1ᵉʳ octobre, a été repoussé sine die.
Les divergences demeurent profondes : Kinshasa exige le retrait des troupes rwandaises et la dissolution du M23, tandis que Kigali continue de lier toute avancée à la neutralisation des Forces démocratiques pour la libération du Rwanda (FDLR), qu’il considère comme une menace directe.
Alors que la diplomatie s’enlise, les combats se poursuivent dans plusieurs zones du Nord-Kivu et du Sud-Kivu. Les FARDC et leurs alliés Wazalendo affrontent régulièrement les rebelles de l’AFC/M23, qui maintiennent leur emprise sur de larges portions du territoire.
Dans ce contexte tendu, le nouveau report des discussions suscite des interrogations. « Chaque décalage dans le calendrier érode un peu plus la confiance entre les parties », estime un expert congolais du processus de paix.
Pour l’heure, Doha demeure la dernière table de négociation encore active entre le gouvernement et la rébellion. Mais sans percée majeure dans les prochains jours, le risque est grand que la diplomatie perde définitivement le contrôle d’un conflit qui, sur le terrain, ne montre aucun signe d’essoufflement.