C’est un message à la fois de défi et d’intimidation que les prêtres, les religieux et religieuses des diocèses catholiques de la ville de Kinshasa ont adressé aux autorités congolaises à l’occasion des obsèques des victimes de la marche du 21 janvier 2018 tout en leur faisant part de leur détermination de continuer à soutenir « l’action du Comité Laïc de Coordination tendant obtenir l’application intégrale des accords du 31 décembre 2016 » même s’ils sont « molestés, tués »
« Oui, lorsque nous pleurons et prions pour ces dernières victimes (du 21 janvier 2018), nous nous rappelons aussi l’amertume des souffrances morales et physiques que le pouvoir en place fait subir aux chrétiens et aux prêtres depuis le 31 décembre 2017. Nous sommes devenus la cible de leur terreur. Une terreur jamais connue dans cette ville qui est allée jusqu’à déshabiller publiquement un prêtre, des prêtres sont fréquemment molestés, insultés même à travers les médias de l’Etat, brutalisés et kidnappés en plein exercice de leurs services pastoraux, etc. », dénoncent les prêtres, religieux et religieuses de Kinshasa dans ce message du 10 février courant.
Mais puisque les autorités congolaises sentent « l’obligation de réprimer dans la violence le droit du peuple à la manifestation », elles doivent tolérer aussi que « le prêtre ait l’obligation de dénoncer cette barbarie », recommandent-ils tout en restant « conscients de la confiance que (vous) les autorités congolaises (faites) font à leurs (vos) armes pour réprimer les pauvres qui crient leur souffrance et leur désolation ». « Mais soyez en sûrs, à vous les armes et à Dieu la victoire », avertissent les prêtes, religieux et religieuses de Kinshasa.
Le pouvoir de Kinshasa est bien prévenu dans ce message. Le combat entre lui et les catholiques est délocalisé sur un autre champ : « Nous portons le combat de la libération du Congo à son niveau mystique », écrivent ces prêtres, religieux et religieuses qui voient « la lumière où vous voyez l’obscurité, l’avenir où vous voyez le néant, l’espérance quand vous parlez de doute, (sont) sans peur quand vous vous versez dans l’anxiété, s’ouvre(nt) à l’amour lorsque vous vous enfermez dans la haine ».